Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/314

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une légère quantité de grains, ce régime seroit très-salutaire.

En cinquième lieu, on pansera les animaux, on les bouchonnera fortement plusieurs fois par jour, avec des bouchons de paille, afin d’exciter par-là l’oscillation des vaisseaux cutanés & d’animer la circulation.

Les médicamens préservatifs seront les baies de genièvre mêlées dans du vinaigre : on prend deux poignées de ces baies, on les écrase, on les laisse infuser pendant vingt-quatre heures dans une pinte de cette liqueur ; on la donne en deux jours à l’animal, partie le matin, partie le soir, c’est-à-dire, un quart de pinte chaque fois : on réitère ce remède, de huit en huit jours, à ceux des animaux dans lesquels on n’appercevra aucun signe de la maladie ; mais pour ce qui est de ceux dans lesquels on entrevoit des signes même légers d’abattement, on leur administrera le remède suivant : prenez quinquina en poudre, limaille de fer, de chacun deux gros, sel ammoniac un gros ; mêlez dans un quart de pinte de vin, ou dans une même mesure d’une forte décoction de baies de genièvre dans de l’eau ; donnez avec la corne le matin & autant le soir, pendant huit jours.

Quant aux médicamens curatifs, les saignées paroissent plutôt contre-indiquées qu’indiquées ; elles augmenteroient inévitablement la prostration des forces, l’inertie des solides, la stase des fluides, & la putréfaction. On séparera aussitôt l’animal malade d’avec les autres ; on le privera de tout aliment solide : on fera dissoudre dans la boisson blanche ordinaire de l’alun de roche ; la dose sera d’une demi-once par jour : on donnera le remède qui suit le plutôt qu’on pourra.

Prenez gomme ammoniac & assa-fœtida grossièrement pilés, de chacun demi-once ; faites-les dissoudre &, pour cet effet, légèrement bouillir dans une demi-pinte de vinaigre. S’il se trouve des corps étrangers à la gomme, coulez la dissolution au travers d’un linge clair, sinon donnez-la telle qu’elle est à une chaleur supportable ; continuez plusieurs jours de suite une fois seulement : dans les circonstances où le mal seroit plus grand, & où à peine on auroit le tems de préparer la dissolution précédente, on aura recours à l’esprit volatil de sel ammoniac ; on donnera une demi-cuillerée à bouche, que l’on éteindra dans un quart de pinte de vin, ou d’infusion de genièvre, & cela, trois fois le jour : s’il arrive de la sueur, on la soutiendra par une once de thériaque ou d’orviétan, que l’on délayera dans les mêmes véhicules : dans cette vue on aura soin de couvrir l’animal, & sur la fin de la crise on abattra la sueur avec le couteau de chaleur, & on le bouchonnera ensuite avec force.

Ces tumeurs critiques exigeront les plus grandes attentions ; dès qu’on en trouvera le moindre signe, on ne négligera rien pour attirer l’humeur au-dehors ; on appliquera sur celles qui sont dures dans le principe, & qui ne paroissent point disposées à la suppuration, les cataplasmes les plus capables de réveiller l’oscillation des solides, & d’ocasioner une inflammation à la partie. Les épipastiques ou vésicatoires, rempliront cette indication.