Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/315

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Prenez mouches cantharides, demi-once ; euphorbe, deux gros, le tout pulvérisé ; mêlez avec demi-livre de levain, ou Simplement de pâte fermentée, & suffisante quantité de vinaigre, pour un cataplasme d’une consistance convenable, que l’on maintiendra douze heures sur la partie tuméfiée, & que l’on réitérera une seconde fois si la tumeur ne paroît pas disposée à être ouverte.

Dès qu’on appercevra de la fluctuation ou seulement de la mollesse, on pratiquera une ouverture avec le cautère actuel, plutôt qu’avec l’instrument tranchant : le cautère cutellaire est préférable au bouton de feu ; on l’appliquera rouge sur la tumeur d’une extrémité à l’autre, & jusqu’au foyer de la matière. Les pansemens se feront avec l’onguent ægyptiac & le suppuratif, mêlés à parties égales, & on n’oubliera pas de faire, à chaque pansement, c’est-à-dire deux fois le jour, des lotions avec de l’eau & de l’eau-de-vie, dans laquelle on aura fait fondre deux gros de sel commun sur une pinte d’eau commune, & une demi-pinte d’eau-de-vie.

La suppuration une fois établie, le pus étant louable, & la pourriture n’étant plus à redouter, on pansera la plaie plus simplement avec le digestif ordinaire fait avec la térébenthine & un jaune d’œuf battu, l’huile d’hypericum & l’eau-de-vie ; enfin, dès que les grands accidens de la maladie ne se montreront plus, & que la suppuration des tumeurs tendra à sa fin ; on emploiera nécessairement, & on réitérera les purgatifs, & l’on aidera la déjection des matières qui pourroient être retardées, par le moyen des lavemens émolliens. M. BRA.


ÉPLUCHER. C’est séparer avec la main les ordures ou les grains étrangers, ou diminuer sur un arbre le nombre des fruits lorsqu’ils sont trop multipliés, afin que ceux que l’on conserve acquièrent plus de grosseur.


ÉPOUVANTAIL. Haillon, figure grotesque qu’on met au bout d’un bâton, dans les chenevières, dans les champs, dans les jardins, afin d’épouvanter les oiseaux, & les empêcher de dévorer le grain à mesure qu’il germe & sort de terre. Les moineaux & les pinçons font un grand dégât, sur-tout dans les chenevières ; lorsque les petites raves, les radis commencent à pousser, ils n’en laissent pas de vestige, à moins qu’on ne les chasse continuellement : pour juger de leurs ruses, écoutons parler M. l’abbé Poncelet.

« Après avoir essayé plusieurs moyens pour me débarrasser des oiseaux, je me déterminai à planter au milieu de mon champ un phantôme couvert d’un chapeau, les bras tendus, & armé d’un bâton : le premier jour les maraudeurs n’osèrent approcher, mais je les voyois postés dans le voisinage, gardant le plus profond silence, & paroissant méditer profondément sur le parti qu’il leur convenoit de prendre. Le second jour, un vieux mâle, vraisemblablement le plus audacieux & peut-être le chef de la bande, approcha du champ, examina le phantôme avec beaucoup d’attention ; voyant qu’il ne remuoit pas, il en approcha de plus près ; enfin, il fut assez hardi pour venir se poser sur son épaule ; dans le même instant il