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les lobes sont pointus, les fleurs naissent en corymbe.

6. Érable à sucre de Virginie, ou negundoAcer negundo. Lin. Ses feuilles sont composées, ressemblent à celles de frêne ; elles sont d’un vert très-gai, & tirent sur le jaune ; le nombre des folioles varie ; elles sont oblongues, pointues, crénelées ; les fleurs sont en grappe. Il passe pour le plus grand des érables, son tronc est droit, son écorce est verte dans les jeunes branches, grise dans les anciennes, & polie sur toutes les deux.

7 Érable de Canada, ou érable rouge, ou plaine de CanadaAcer rubrum, acer sachariferum. Lin. À cinq lobes dentelés, verdâtres par-dessous, à longs péduncules verts, à fleur rouge hermaphrodite ; son bois très-veiné. Les échancrures du calice & les pétales sont d’un vert-jaune, liséré d’un rouge vif, & chaque bouton donne cinq à six fleurs portées sur d’assez longs pédicules.

8. Érable de Pensilvanie… Acer pensilvanicum. Lin. À feuilles à trois lobes, pointues, dentelées, très-larges ; son écorce est d’un gris-blanc, marquée de stries verdâtres.

9. Érable d’Amérique… Acer americanum, foliis trilobis, unoquoque lobo tricuspidatim-desinente, gemmis rubescentibus. Hort. Col. À trois lobes, terminés chacun par trois pointes aiguës ; ses bourgeons sont écailleux, d’un rouge mêlé de couleur de noisette.

10°. Érable de Tartarie… Acer tartaricum. Lin. MM. Tournefort, Duhamel, & le Baron de Tschoudi n’en ont point parlé. Il a ses feuilles en forme de cône, sans, divisions, & dentelées inégalement ; ses lobes sont à peine sensibles, & ses feuilles ressemblent presque à celles du charme ; l’arbre s’élève fort haut.

III. Culture & usages. On peut semer en pleine terre les graines de ces arbres, du moment de la maturité ; mais comme les mulots & autres animaux de cette espèce en sont très-friands, il est plus prudent d’en faire des lits dans du sable, & de semer ensuite au printemps. La graine ne demande pas à être beaucoup enterrée. Rien de plus aisé que de les élever en pépinière, ils reprennent ensuite fort aisément dans toute espèce de terrein, & ils craignent, moins que les autres, la sécheresse, sur-tout le N°. 1. ou faux sycomore. On en forme des taillis qui croissent fort vite : de ces arbres on en tire des planches meilleures que toutes celles des bois blancs ; ce bois sert encore aux arquebusiers & aux tourneurs. Souvent au printemps les feuilles de cette espèce & du N°. 2. se couvrent de miellée. (Voyez ce mot) Le bois du N°. 3. est fort recherché pour faire des violons ; on peut encore l’employer pour multiplier les taillis. Le N°. 4. fera très-bien dans les bosquets d’été, ainsi que les Nos. 5. 6. 7. Si on multiplioit en France, le N°. 6. ou negundo, on tireroit de son tronc d’excellentes planches d’un bois très-dur, bien veiné, qui seroit agréablement employé dans la marqueterie. On retire, en Canada, du vrai sucre de l’espèce 7. Je vais copier ce que M. Duhamel, d’après M. Gautier, rapporte sur cette opération.

On distingue en Canada la liqueur sucrée qui découle de ces deux arbres : celle de l’érable blanc s’appelle sucre d’érable, & celle de l’érable