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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/334

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autres, & il réside dans leur couleur. Un mur bien recrépi ou bien plâtré, réfléchit, par sa blancheur, les rayons du soleil ; au contraire, la couleur foncée de la brique, absorbe ces rayons & par conséquent la chaleur. Cette observation est de la plus grande importance, relativement à nos provinces septentrionales, sur-tout pour les pêchers & les abricotiers. Un anglois, lord Leicester, cultivateur instruit, & très-amateur de ses espaliers, a fait peindre ses murs en noir, & par ce moyen bien simple a augmenté l’intensité de la chaleur, (Voyez ce mot)

À quelle distance doit-on planter les arbres ? Si on veut être de bonne foi, on conviendra qu’il est impossible de la prescrire ; en effet, la distance dépend de la hauteur du mur que l’on se propose de couvrir : si ce mur a seulement sept pieds de hauteur au lieu de neuf, il faut nécessairement plus espacer les arbres que si le mur a huit ou dix pieds. La qualité de l’espèce d’arbre fait encore exception à toute loi générale ; par exemple, deux pruniers de mirabelle, placés à des distances convenues, tapisseront moins un mur, qu’un seul prunier de reine-claude ; il en est ainsi, par exemple, du poirier-rousselet de Rheims, comparé à une vilgouleuse, à un pommier de calville, &c. &c. La nature du terrein s’oppose encore à toute règle générale, ainsi que l’exposition plus ou moins au soleil de neuf heures du matin, ou du midi, ou de trois heures. Quel parti faut-il donc prendre ? Étudier la nature du sol, la qualité de l’arbre & son exposition. Règle générale, & par-conséquent soumise à des exceptions ; on ne risque rien lorsque l’on plante de vingt à vingt-quatre pieds dans les bons terreins, & à progression descendante suivant la qualité plus ou moins bonne du sol & de l’exposition.

Il n’est pas surprenant que les pepiniéristes invitent, conseillent & insistent sur la plantation rapprochée, par exemple, de six à huit pieds ; ils vendent deux cens pieds d’arbres tandis que cinquante ou soixante auroient suffit. Le jardinier ou tailleur d’arbres ignorant, tient le même langage, parce que toute sa science consiste à ébrancher & a étronçonner les malheureux arbres fournis à sa barbare ignorance. Conduisez un arbre comme il sera dit au mot Pêcher & vous verrez, avec une agréable surprise, qu’en moins de six à huit ans le mur sera tellement couvert de branches & de feuilles qu’il sera impossible d’appercevoir la pierre.

L’homme à routine objectera que plus les arbres sont multipliés & plus ils auront de fruit, & à mon tour je nierai cette assertion. Les branches de ses arbres ne pourront s’étendre à une distance convenable sur la ligne oblique, par conséquent les bois gourmands dévoreront dans peu la substance des branches, ou perpendiculaires au tronc, ou qui s’en éloignent très-peu. Il aura donc une très-grande quantité de bourgeons, (voyez ce mot) & peu de bois à fruit, au lieu qu’en étendant obliquement les branches & les bourgeons, ces derniers font dès l’année suivante de véritables branches à fruit. En supposant deux arbres plantés l’un à côté de l’autre, par exemple, à une distance de six à huit pieds, il est démontré qu’à la seconde ou à la troisième année leurs