Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/338

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plétement inutiles, tant que la taille des arbres sera livrée à des mains ignorantes. Pendant aussi long-temps que les petites branches, les lambourdes ne seront pas rapprochées du mur, & s’en écarteront souvent de dix à quinze pouces, on prendroit ces arbres pour ceux des haies ou des buissons : plus les petites branches qui donnent du fruit seront rapprochées des grosses, plus le fruit sera beau. Il est inutile d’avoir trois à quatre pêches ou poires, &c. sur une même petite branche ; cette multiplicité épuise l’arbre, & les fruits sont chétifs, il vaut donc beaucoup mieux que les fruits soient plus éloignés les uns des autres, & en même temps plus rapprochés des mères-branches ; alors les tablettes produisent un bon effet, parce que l’eau tombe en avant de l’arbre, & non pas sur lui.

Si les murs sont construits à chaux & à sable, & que dans le voisinage on puisse facilement & à peu de frais, se procurer des dales, elles feront de bonnes tablettes qui serviront pour les deux faces du mur. Il ne s’agira plus que de les charger d’un chaperon en maçonnerie, afin qu’elles ne soient pas dérangées ou culbutées par les coups de vent. La hauteur de ce chaperon doit être en raison de la saillie de la pierre taillée en dale, afin qu’il agisse & la maintienne par son poids. Au défaut des dales, ont peut se servir des longues briques, ordinairement employées aux cloisons ; de larges carreaux produiront le même effet ; le chaperon qui les couronnera les liera avec le reste de la maçonnerie. Dans les pays où la chaux & le sable sont rares ou chers, & où la nécessité oblige de lier les pierres de la maçonnerie avec de l’argile bien broyée, les tablettes d’un genre quelconque sont indispensables pour la conservation des murs & avantageuses aux arbres. On peut cependant les suppléer par un forget d’un double ou triple rang de tuiles, mais il est indispensable que ces tuiles posent sur un bain de mortier à chaux & sable, ou en plâtre, & qu’elles soient noyées & liées les unes aux autres par ce mortier. Comme la saillie des tuiles qui forment un autre genre de tablette, doit régner sur les deux faces du mur, la partie où les tuiles se réunissent sur le centre du mur, sera garnie d’une rangée de tuiles en recouvrement les unes sur les autres, sur-toute la longueur du mur, & tous les vides bouchés avec du mortier ou du plâtre suivant les facilités de se procurer l’un & l’autre. Cet assemblage de tuiles imite celui d’un toit d’une maison, & l’eau pluviale la plus abondante ne sauroit pénétrer jusqu’aux murs ; ce couronnement, cette toiture s’appliquent également aux murs si économiques & si solides, construits en pisai. (Voyez ce mot) Il est inutile de recrépir ces deux dernières espèces de murs, parce que, comme il a déjà été dit, ils absorbent & conservent plus la chaleur, & parce que l’on voit où il est facile de planter les clous qui fixent les loques.

2o . Des rayons. À quelques pouces au-dessous des tablettes quelconques, on enfoncera des rayons en bois de deux à quatre pouces d’épaisseur, & un peu moins saillans que les tablettes ; ils serviront à attacher les paillassons destinés à préserver les arbres des