Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trop grands froids ou de gelées si pernicieuses au moment de la fleuraison ou quand le fruit aoûte. (Voyez ce mot) Ces supports empocheront que les paillassons touchent aux branches. Voilà les murs construits, il ne s’agit plus que de les garnir d’arbres, de les bien tailler ; enfin, de leur donner les soins qu’ils exigent, & ces objets seront traités particulièrement aux mots Pêcher & Plantation. Il s’agit de s’occuper des petits objets relatifs à l’espalier en général.

3°. Des contre-vents. Quelle est la meilleure sauve-garde des arbres contre les intempéries des saisons ? La coutume, plus que le raisonnement, dirige un grand nombre de cultivateurs ; ce qui nécessite la discussion de cet objet. Il faut que l’intensité du froid soit bien grande pour qu’elle fasse périr les plantes ou plutôt ce n’est pas ce froid qui les tue, mais les gelées, les dégels consécutifs. (Voyez les mots Brûlure des Arbres, Dégel, Gelée. Afin de ne pas répéter, ce qui a déjà été dit, il est essentiel de les relire. Pour prévenir ces accidens fâcheux, on tapisse les murs avec des paillassons, (voyez ce mot) avec des nates, des bourrées de pois, de fougère, &c. Ces moyens sont efficaces contre les fortes gelées, mais le sont-ils tous également, & dans toutes les circonstances ? Non, sans doute. Supposons qu’avant que le froid soit rigoureux, il ait régné dix jours pluvieux ou nébuleux ; enfin, que ces paillassons &c. soient imbibés d’eau : si le froid augmente, cette eau, disséminée dans tous les interfaces des pailles, forme une tapisserie complète de glace, de manière que l’arbre se trouve entre un mur froid & une couverture plus froide encore : que sera-ce donc si cette couverture porte directement sur les branches de l’arbre ? ces couvertures concentrent le froid, empêchent la dissipation de l’humidité contenue dans l’espace, & rendent l’action du froid plus sensible, sans compter le mal qui résulte de la soustraction du courant d’air, parce qu’en toute saison l’arbre, semblable à l’homme, ne peut vivre sans respirer.

Puisqu’il est bien prouvé que l’intensité du froid n’est pas la cause unique & même déterminante de la mort des arbres, ces énormes paillassons, ces bourrées &c. sont inutiles jusqu’à un certain point, & très-nuisibles s’ils touchent les branches de l’arbre : voilà pourquoi on a placé les rayons ou supports sous les tablettes, afin d’y attacher ces paillassons, &c. & les éloigner des arbres. Admettons leur nécessite pendant les temps rigoureux, pendant les crises violentes de la saison, & cherchons à garantir, par un autre moyen, les arbres lorsqu’ils commencent à entrer en sève, à fleurir, à pousser des feuilles, & les fruits à aoûter : ces époques sont les plus délicates ; une seule rosée blanche, ou une petite gelée, suivie d’un soleil ardent, suffisent pour la perte complète de la récolte qu’on se promettoit, & nuisent même à la récolte de l’année suivante, par la perte des premiers bourgeons qui avoient commencé à darder. Je ne vois rien de plus utile que les toiles claires & d’un bas prix ; dans l’instant elles sont tendues & détendues ; une tringle en bois léger les assujettit sur les rayons, & quelques piquets les fixent par le bas, de manière que la toile ne peut