Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/358

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lesquelles la respiration est gênée, sont plus dangereuses que celles qui ne rendent que la déglutition difficile ; que celles qui a son siège dans la cavité du larynx, auprès de la glotte & dans les bords, est très-dangereuse ; & que celle dont le foyer est dans le pharynx, est encore plus à redouter, sur-tout si l’on ne peut découvrir aucune tumeur, ni rougeur dans la gorge ; & si elles sont apparentes, qu’elles rentrent ou disparoissent, que la respiration devienne plus gênée, c’est un très mauvais signe : si la douleur cesse tout-à-coup, il y a à craindre que l’inflammation ne se termine par une gangrène mortelle ; si l’inflammation s’étend beaucoup sur les parties voisines, & qu’il en résulte un concours de plusieurs différens symptômes qui produisent un désordre proportionné dans les fonctions des parties affectées, la maladie sera d’autant plus difficile à guérir, que les diverses espèces d’esquinancie seront plus multipliées en même temps.

Les chevaux sont plus sujets que les bœufs à l’esquinancie inflammatoire ; lorsqu’elle a son siège dans la cavité de la glotte, ils en périssent quelquefois dans l’espace de douze à quinze heures ; quand celles qui se forment dans d’autres parties de l’arrière-bouche, se terminent par la mort du sujet, il ne subit ce sort que vers le troisième eu quatrième jour : d’ailleurs, c’est toujours un signe de bon augure de quelque espèce que soit l’inflammation, dès que la respiration n’est pas fort gênée, que la boisson passe sans beaucoup de peine, que la fièvre n’est pas bien forte, & que l’animal est tranquille.

On observe aussi que la fausse esquinancie n’est point une maladie aiguë ; que quoique moins dangereuse que la vraie, elle est de plus longue durée : la cure en est plus ou moins difficile, suivant que l’humeur qui forme l’obstruction est plus ou moins susceptible de se résoudre aisément ; si elle devient squirreuse, chancreuse, le mal peut être long & incurable.

Quelque place qu’occupe l’esquinancie vraie dans l’arrière-bouche dans le pharynx ou dans le larynx, pour la guérir on doit employer le même traitement que pour l’inflammation ; (voyez ce mot) pour la combattre on s’appliquera à procurer la résolution de l’humeur morbifique : cette terminaison est même plus à désirer dans cette maladie que dans tout autre cas, parce que celle de la suppuration peut avoir des suites plus funestes dans les parties dont il s’agit, que dans toute autre.

Dès qu’on est assuré que l’animal est attaqué d’une esquinancie vraie, ou inflammatoire, si l’inflammation subsiste encore, on a recours sans délai à la saignée, on la fait abondante„ on la répète au plat des cuisses & ensuite aux jugulaires, jusqu’à ce que l’animal en paroisse affoibli, que la chaleur de ses extrémités soit sensiblement diminuée & très-tempérée, & ses vaisseaux soient affaissés ; alors, l’effort que fait le sang en se portant vers la tumeur, n’étant plus assez considérable pour l’augmenter & rendre les vaisseaux plus distendus dans les parties enflammées, on administre les purgatifs, (voyez Méthode purgative) ainsi que des lavemens de même nature pour suppléer aux purgatifs dans les cas où l’animal ne