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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/399

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prouvé par l’expérience, que l’alevin de sept pouces, c’est-à-dire, de deux ans, & conservé pendant trois ans dans les étangs, peuple à merveille.

La vente du poisson est un objet étranger à cet Ouvrage ; ainsi, je n’en parlerai pas.

Section III.

Des accidens qui arrivent aux Étangs.

I. De l’assec. Deux causes concourent à la dessiccation, la sécheresse, ou la perte de l’eau par quelque larron ou fuyant. Les étangs dont le sol est à surface trop plane & trop étendue, sont dans le cas d’éprouver, plus que tout autre, les rigueurs de la sécheresse : outre la cessation des sources, ou des ruisseaux qui y affluoient il s’évapore une prodigieuse quantité d’eau chaude, parce que l’évaporation est toujours en raison de la surface, de la chaleur que l’eau reçoit, & du courant d’air auquel elle est exposée ; ainsi, plus l’étang aura de profondeur dans sa poêle, dans ses fossés, plus ses bords seront coupés à pics droits, moins il y aura d’évaporation. Cependant, si l’on voit que la sécheresse continue, que les eaux diminuent en trop grande abondance, il vaut mieux sacrifier une partie ou la moitié du poisson, que la masse totale. Comme on sait le nombre de gros poissons dont l’étang est peuplé, on en tirera la moitié ou plus ou moins suivant la circonstance en le pêchant avec la seine, & ce poisson étant vendu dédommagera un peu le propriétaire. Moins il y aura de poissons, & moins l’eau restante se corrompra.

Si la sécheresse est extrême, si l’étang reste à sec, ou même avec une trop petite quantité d’eau, le mal est sans remède, le poisson y périra, pourrira, & la contagion est assurée. Établir de grands feux autour & sur le sol même de l’étang, est le palliatif le plus assuré ; & le remède sera complet, si le nombre & le volume des feux égale le foyer de putréfaction : je reviens souvent sur cet article, & je crois ne pas encore assez le répéter.

Si l’eau se perd par des larrons, : il faudra faire les recherches les plus exactes, afin de connoître leur rentrée & leur sortie. On voit communément l’eau tourbillonner, & le tourbillon est toujours en raison dit diamètre du larron ; lorsque la surface de l’eau est agitée par les vagues, il n’est pas possible de distinguer ces tourbillons. Les plus dangereux larrons font ceux placés à la-base de la chaussée ou dans la poêle, ou dans telle autre partie de la cavité de l’étang.

Lorsque l’on est assez heureux pour les découvrir, on cherche avec des instrumens à élargir leur entrée, afin d’augmenter le courant ; alors on adapte sur cette ouverture un tuyau fait avec des planches, & proportionné à sa grandeur, & dans ce tuyau ou encaissement qui correspond au-dessus de la surface de l’eau, on jette du béton (voyez ce mot) clair & fait avec de petits cailloux. Un homme armé d’une longue perche en bois, fasse ce béton, le fait entrer autant qu’il peut dans le vide ; on remet du nouveau béton, le tassement recommence & ainsi de fuite, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive clairement que la cavité.