Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/441

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cautionner, douze ou treize jours après celui où l’on a mis un nombre d’œufs couver, d’un nombre de poules presque égal à celui de celles qui couvent ; c’est à peu près à cette époque que les accidens peuvent commencer. »

» Ces nouvelles poules ou relais se placeront sur des paniers dans la couverie. On sacrifie, pour les entretenir à couver, quatre ou cinq œufs de poule sous chacune d’elles : voici l’avantage de cette méthode ; l’accident le plus à craindre est qu’une poule vienne à perdre sa chaleur, d’où il résulte un très-grand danger pour les œufs qu’elle couve. C’est à celui qui les soigne à juger, (lorsqu’il les lève pour les faire manger sous les mues) si les œufs sont à un bon degré de chaleur : la crête indique d’une manière certaine, l’état de la poule ; tant que sa crête reste d’un rouge frais, il n’y a rien à craindre ; mais dès qu’elle blanchit trop, c’est une marque que la poule languit ; il faut aussitôt avoir recours à son relais de poule & choisir la plus douce que l’on met sur les œufs de faisans, à la place de la malade, qu’il ne faut point cependant encore abandonner, puisqu’elle sera employée au moment d’éclorre, comme on le dira bientôt. »

» Elle demande, au contraire, plus de soins ; on la laissera se rafraîchir, lui donnant la liberté dans la basse-cour pendant une journée ; ensuite, (car ces poules sont souvent plus attachées à leurs œufs que d’autres) on la remettra sur le panier où étoit celle qu’on lui a substituée, & pour la rétablir entièrement, à chaque fois qu’on la fera manger, au lieu du temps ordinaire, on la laissera une ou deux heures sur la mue. »

» Si on n’est pas dans le cas d’employer toutes les poules de relais, il ne faut pas pour cela les regarder comme inutiles, puisque celles qu’on n’a point employées, amènent des poulets pour l’usage de votre basse-cour. »

VII. Du moment ou les œufs éclosent. « L’œuf de faisan va depuis vingt-trois jusqu’à vingt-sept jours avant d’éclorre ; ainsi dès que le vingt-troisième jour commence, il faut redoubler de soins. »

» On peut prévoir si les œufs viendront à bien, lorsqu’à cette époque, en passant légèrement la main dessus, ils rendent un son semblable à celui des noix pleines. »

» Dès qu’on apperçoit dans un panier quelques œufs becqués, c’est le moment, (si on a été dans le cas, pour ce panier ou pour d’autres, d’avoir recours, aux poules de relais) de faire usage des premières poules qu’on va rechercher, & qui fatiguées & impatientées d’avoir des poussins, ont le soin & la tendresse des bonnes mères ; les autres qui n’ont point encore achevé le temps de couver, ne seroient pas assez douces & on courroit même le risque qu’elles n’étouffassent les petits à mesure qu’ils sortiroient des œufs. »

» Il n’est pas besoin de dire que les œufs ayant été mis en même temps, tous les paniers partent presqu’au même moment ; il faut donc redoubler de vigilance, regarder d’heure en heure à chaque panier, afin de débarrasser les petits, qui, déjà éclos, pourroient s’étouffer, comme il arrive souvent lorsqu’ils fourrent la tête dans la coquille dont ils viennent de sortir. On jette les