Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/442

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coquilles à mesure hors des paniers. »

» Lorsque tout est éclos, il faut les laisser sous leur mère encore vingt-quatre heures dans le panier ; la chaleur de la poule, pour les ressuyer leur est plus nécessaire que la nourriture : on fera seulement attention qu’il ne s’en étouffe, ou que les plus éveillés, gravissant sous les ailes de la mère, ne se jettent hors du panier ; on pare à cet inconvénient, en tenant le dessus du panier exactement fermé ; le dessus doit être d’osier à claire voie. »

» Environ après vingt-quatre heures, qu’on peut cependant prolonger pour gagner l’heure de midi, on essaiera de présenter aux petits des œufs de fourmis & un peu de jaune d’œuf émietté ; &, comme il s’en trouve toujours de forts, on peut, après avoir tenté ce premier repas, faire choix des plus vigoureux & les mettre quinze ensemble sous une même mère dans des boîtes destinées à cet usage. La bonne manière est de mettre deux de ces boîtes, l’une au bout de l’autre, pendant les cinq ou six premiers jours : les petits ont plus d’espace pour se promener & vont d’une mère à l’autre, observant de couvrir de claies fines, ou d’un petit filet la partie des boîtes qui est découverte, de crainte que les petits ne s’élancent par dessus… Revenons aux plus foibles ; il faut les laisser passer encore une nuit sous leurs mères, & attendre au lendemain pour les mettre au même régime que les autres. »

VIII. Nourriture & soins des élèves. « La nourriture doit, dans les premiers temps, être l’œuf de fourmi, & le jaune d’œuf haché très-menu avec son blanc, joint à un peu de mie de pain ; l’avoine ou l’orge suffit alors aux mères. »

» On a soin tous les jours de lever un moment les poules hors de la boîte, pour la nettoyer des fientes qui feroient tort & abymeroient les petits. »

» Au bout de douze ou quinze jours, si le temps est beau, l’on peut désunir les boîtes & laisser, par ce moyen, la liberté aux petits de courir sur un gazon ou dans une luzerne, s’il y en a dans le parc ; il faut aussi toujours mettre les boîtes à l’exposition du levant, & les tourner à mesure que le soleil avance ; on observera dans les commencemens, s’il y avoit le matin une trop grande rosée, d’attendre un peu plus tard à ouvrir la boîte ; on observera aussi que, si le soleil étoit trop ardent, il faudrait approcher les boîtes d’une charmille, d’un ombrage ; un soleil trop vif leur seroit nuisible. Dès qu’ils se fortifient, les soins diminuent & le plaisir augmente ; la nourriture ne varie que par l’augmentation du chenevis & du blé qu’on leur donne également en grain, quand on s’apperçoit qu’ils peuvent le prendre. »

» L’œuf de fourmi, base essentielle de leur nourriture, ne doit jamais être épargné, sans néanmoins en donner trop ; l’excès en deviendrait dangereux ; si l’on croyoit leur appétit, ils en mangeroient toujours ; si cependant on en manquoit, on pourrait y substituer le ver blanc de charogne, dont la préparation sera détaillée ci-après. Il est encore une chose très-analogue à leur goût : c’est l’orge que l’on peut se procurer