Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/444

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l’exige, à une distance suffisante, pour qu’ils ne puissent pas communiquer avec les autres. On leur donne un peu plus de jaune d’œuf & de chenevis pour tâcher de les fortifier ; il faut aussi mettre un peu de sel & de mâchefer dans l’eau, ou ce qui est encore plus actif, plonger un fer rouge dans l’eau qui doit servir à remplir les terrines. On ne sauroit trop porter attention, dans le commencement, à la propreté que demandent ces petits animaux, nettoyer exactement chaque jour les boîtes, & lorsqu’on a commencé l’usage de l’eau, la renouveler deux fois par jour, crainte qu’elle ne s’échauffe trop ; ce sont des soins par lesquels on préviendroit la maladie qui, une fois établie, ravage sans laisser presque d’espérance d’arrêter la contagion. »

» Personne n’ignore que le faisan se plaît particulièrement dans les bois les plus fourrés & un peu montueux ; il leur faut aussi toujours de l’eau : des mares, pourvu qu’elles ne tarissent jamais, suffisent. »

» Quand dans une terre l’on a ces avantages, & qu’on y joint le soin de semer quelques arpens de sarrasin en différentes places, en observant de le laisser mourir sur pied, l’on peut se flatter de les fixer aisément. S’il y a des vignes aux environs, on tire un grand avantage du marc du raisin, que l’on jette en différentes places du bois ; si pendant l’hiver, il tombe beaucoup de neige, les gardes ont soin de la balayer de dessus le marc ; les faisans l’aiment prodigieusement, & l’on peut même être sûr que s’il en vient des environs, ils ne s’en éloignent plus quand une fois ils en ont fait connoissance. »

» Au défaut de marc de raisin, si on s’apperçoit que le sarrasin mort sur pied ne suffit pas, & qu’il y ait une grande abondance de neige, il faut y suppléer en y jettant un peu d’orge ou du maïs, vulgairement nommé blé de turquie, gros millet. »

» Il faut encore ajouter au nombre des choses qui leur conviennent, les carrotes, les pommes de terres, les choux pommés, l’oseille, les laitues, le persil & les panais : les deux derniers légumes particulièrement sont, par leur qualité échauffante, très-bons à donner aux poules faisanes, pour avancer la ponte, & même pendant qu’elle dure, ils mangent très-bien aussi, les pois, les fèves, & la graine que donne l’aubépine ; on dit même le gland. »

J’ajouterai à ce mémoire très-détaillé, que, pour prévenir le dévoiement auquel ces oiseaux sont très-sujets pendant les temps humides, le marc de raisin, duquel ils sont si avides, seroit un excellent remède ; néanmoins il me paroît tel, qu’il avanceroit la ponte. Il est aisé de sentir sur quelle base portent ces deux assertions.


FALUN, Histoire Naturelle, Économie rurale. On donne ce nom à un amas très-considérable de débris marins réduits en poussière, que l’on trouve dans la Touraine, province de France. Les endroits creusés pour extraire le falun, se nomment falunières. L’étendue de terrein qu’occupe ce dépôt, est d’environ trois lieues & demie de longueur, sur une longueur moins considérable ; il est vrai que l’on n’en a pas encore fixé au juste les limites. L’épaisseur de cette couche n’est pas mieux connue ;