Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/443

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aisément, en semant de manière qu’on puisse toujours en avoir de verte du premier juillet au premier septembre ; on coupe tous les jours de petites gerbes de cette orge verte, qu’on met devant eux ; ils se jettent avec plaisir dessus & piquent ce grain tendre, rempli d’un lait qui leur est très-bon. »

» On observera de laisser aux petits, à mesure qu’ils se fortifient, une pleine liberté ; la mère, toujours demeurante à la boîte, les empêche de trop s’éloigner ; au moindre signal de l’heure des repas, on les voit accourir jusqu’à ses pieds. »

» À deux mois ils pourront absolument se passer de mère ; on peut ainsi supprimer l’œuf de fourmi ; le blé, l’orge & le sarrasin suffisent alors. Cependant, à l’égard de la mère, plus on la tient captive, moins les petits deviennent sauvages, s’éloignant peu du lieu où elle demeure, & se branchant pour la nuit, sur les arbres voisins du lieu où est la boîte. Ce n’est qu’à la fin d’octobre qu’ils commencent à s’éloigner un peu, & à battre le pays ; mais avec un peu de grains qu’on observe de conserver dans le premier lieu de leur éducation, on est sûr de les retenir, & fidelles au séjour de leur enfance, ils ne manqueront pas d’y faire leur ponte au printemps suivant, préférablement à tout autre lieu. »

IX. Observations particulières. « Ceux qui ne voudroient point avoir l’embarras de conserver, pendant l’hiver, des poules faisanes pour la ponte de l’année suivante, peuvent, vers la fin de février, en ratrapper dans le parc ou bois où elles sont plus adonnées, le nombre qu’ils veulent ; cela se fait aisément en mettant le blé ou l’orge qu’on leur donne, sous de grandes mues qu’on abat par le secours d’un cordeau qui se tient à la main, restant caché derrière un arbre à quelque distance. »

» Il est sensible que ceux qui voudroient se procurer des faisandeaux plus hâtifs, peuvent gagner le mois que dure la ponte, en formant aussitôt une couvée particulière des premiers œufs que donnent les poules ; mais quand il s’agit de peupler un canton, & qu’on projette un élève un peu nombreux, il est beaucoup plus simple de diminuer les embarras que demanderoit cette même suite d’opérations, s’il falloit, pendant le mois que dure la ponte, mettre, d’un jour à l’autre, des œufs couver ; le meilleur parti est donc de faire couver en deux temps ; si on attendoit que la ponte fût entièrement finie, il se trouveroit des œufs pondus depuis un mois, ce qui seroit un terme un peu long pour la sureté du germe de l’œuf ; ainsi, prenant un juste milieu, au bout de quinze jours de ponte, on peut mettre couver tout à la fois les œufs pondus pendant ce terme ; & à la fin de l’autre quinzaine, on fera une seconde couvée de tous les œufs pondus depuis : ce parti est le plus sage, & donne le temps de trouver plus à son aise de bonnes couveuses. »

» La maladie la plus à craindre pour ces animaux, est le dévoiement ; ce qui leur arrive lorsqu’il survient du froid & des orages qui répandent une grande humidité dans l’air ; il est difficile d’y remédier : cependant leur état demande plus de soins ; le plus sûr est de séparer à l’instant les infirmes, que l’on porte, avec une ou deux mères, si leur nombre