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Souvent aussi ces mêmes tumeurs prolongées suivent & accompagnent exactement quelques-unes des principales ramifications veineuses, telles que les jugulaires, les axillaires, les maxillaires, les numérales, les céphaliques, les aurales, les saphènes ; & des sortes de nœuds qui coupent, d’espace en espace, ces espèces de cordes, dégénérant en ulcères, dont les bords calleux semblent se resserrer & se retenir, donnent un pus ichoreux, sanieux & fétide.

Il arrive encore que les ulcères farcineux tiennent de la nature des ulcères vermineux, des ulcères secs, des ulcères chancreux ; & c’est ce que nous remarquons principalement dans ceux qui résultent de l’éclat des boutons qui surviennent d’abord près du talon ou sur le derrière du boulet, dans les extrémités postérieures. Ces extrémités exhalent d’abord une odeur insupportable ; elles deviennent ordinairement d’un volume monstrueux, & sont en quel que façon éléphantiasées.

Enfin, les symptômes sont quelquefois unis à l’engorgement des glandes maxillaires & sublinguales, à un flux par les naseaux, d’une matière jaunâtre, verdâtre, sanguinolente, & très-différente de celle qui s’écoule par la même voie, à l’occasion de quelques boutons élevés dans les cavités nasales, & d’une légère inflammation dans la membrane pituitaire ; à une grande foiblesse, au marasme & à tous les signes qui indiquent un dépérissement total & prochain.

C’est, sans doute, à toutes ces variations & à toutes ces différences sensibles, que nous devons cette foule de noms imaginés pour désigner plusieurs sortes de farcin, tels que le volant, le cordé, le cul-de-poule, le chancreux, l’intérieur, le taupin, le bifurque, &c. ; elles ont aussi suggéré le pronostic que l’on a porté relativement au farcin qui attaque la tête, les épaules, le dos, le poitrail, & qui a paru très-facile à vaincre, tandis que celui qui occupe le train de derrière, qui présente un appareil d’ulcères sordides, a été déclaré très-rebelle, & même incurable, lorsqu’il est accompagné d’écoulement par les naseaux.

Les causes évidentes de cette maladie, sont des exercices trop violens dans les grandes chaleurs, une nourriture trop abondante donnée à des chevaux maigres & échauffés, ou qui ne font que très-peu d’exercice ; des alimens tels que le foin nouveau, l’avoine nouvelle, le foin rasé, une quantité considérable de grains, l’impression d’un air froid, humide, chargé de vapeurs nuisibles ; l’obstruction, le resserrement des pores cutanés, &c. tout ce qui peut accumuler dans les premières voies des crudités acides, salines & visqueuses, changer l’état du sang, y porter de nouvelles particules hétérogènes, peu propres à s’assimiler & à se dépurer dans les couloirs & dont l’abord continuel & successif augmentera de plus en plus l’épaississement, l’acrimonie & la dépravation des humeurs. Tout ce qui embarrassera la circulation, tout ce qui soulèvera la masse, tout ce qui influera sur le ton de la peau & s’opposera à l’excrétion de la matière respirable, sera donc capable de produire tous les phénomènes dont nous avons parlé, selon le degré d’épaississement & d’acrimonie ; ils seront plus ou