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le farcin bénin, & d’amener à un dessèchement total ceux qui auront suppuré.

Le farcin invétéré & malin est infiniment plus opiniâtre ; il importe alors de multiplier les saignées, les lavemens émolliens ; de mêler à la boisson ordinaire de l’animal, quelques pintes d’une décoction de mauve, guimauve, pariétaire, & d’humecter le son qu’on lui donne, avec une tisane apéritive, rafraîchissante, faite avec les racines de patience, d’aunée, de scorsonère, de bardane, de fraisier, & de chicorée sauvahe ; de le maintenir longtemps à ce régime ; de ne pas recourir trop tôt à des évacuans capables d’irriter encore davantage les solides, d’agiter la masse, & d’augmenter l’âcreté ; de faire succéder aux purgatifs administrés, les délayans & les relâchans qui les auront précédés ; de ne pas réitérer coup sur coup ces purgatifs, d’ordonner avant de les prescrire, une saignée selon le besoin, ensuite de ces évacuations dont le nombre doit être fixé par les circonstances ; & après le régime humectant & rafraîchissant observé pendant un certain intervalle de temps, on prescrira la tisane des bois, & on en mouillera tous les matins le son que l’on donnera à l’animal : si les boutons ne s’éteignent point, si les tumeurs prolongées ont la même adhérence & la même immobilité, on recourra de nouveau à la saignée, aux lavemens, aux purgatifs, pour en revenir à propos à la même tisane, & pour passer de-là aux préparations mercurielles, telles que l’éthiops minéral, le cinabre, &c. dont l’énergie & la vertu sont sensibles dans toutes les maladies cutanées.

Tous ces remèdes intérieurs sont d’une merveilleuse efficacité, & opèrent le plus souvent la guérison de l’animal, lorsqu’ils sont administrés selon l’art & avec méthode ; on est néanmoins quelquefois obligé d’employer des médicamens externes ; les plus convenables, dans le cas de la dureté & de l’immobilité des tumeurs, sont d’abord l’onguent d’althéa ; &, s’il y a des boutons qui ne viennent point à suppuration & que l’animal ait été suffisamment évacué, on pourra, en usant de la plus grande circonspection, les frotter légèrement avec l’onguent napolitain.

Les lotions adoucissantes, faites avec les décoctions de plantes mucilagineuses, sont indiquées dans les circonstances d’une suppuration que l’on aidera par des remèdes onctueux & résineux, tels que l’onguent de basilicum & d’althéa, & l’on aura attention de s’abstenir de tous remèdes dessicatifs lorsqu’il y aura dureté, inflammation, & que la suppuration sera considérable : on pourra, quand la partie sera exactement dégorgée, laver les ulcères avec du vin chaud, dans lequel on délayera du miel commun.

Des ulcères du genre de ceux que nous nommons vermineux, demanderont un liniment fait avec de l’onguent napolitain, à la dose d’une once, le baume d’arceus à la dose de demi-once ; le staphisaigre & l’aloès succotrin, à la dose d’une drachme ; la myrrhe, à la dose d’une demi-drachme ; le tout dans suffisante quantité d’huile d’absinthe ; ce liniment est non-seulement capable de détruire les vers, mais de détergera : de fondre les callosités, & l’on y ajoutera le baume de Fioraventi, si l’ulcère est