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& la femelle concourent également à la fécondation commune. Ce système le plus ancien & le plus admis jusqu’à présent, croit que le fœtus est le résultat de la combinaison des liqueurs séminales du mâle & de la femelle, & que de cette espèce d’amalgame l’animal est produit. Dans les plantes pareillement, on suppose que le pistil ou plutôt l’ovaire renferme un principe, qui combiné & mélangé avec celui de la poussière fécondante, forme un mixte, un embryon. Ce fameux système qui paroît, au premier abord, le plus conforme aux loix simples de la nature, a eu de très-grands défenseurs, & les molécules organiques n’ont pas peu contribué à le faire valoir. Il est vrai que l’existence de ces molécules organiques mâles & femelles, qui s’accrochoient dans l’utérus pour former un animal ou une plante, n’ayant pas été démontrée avec assez d’évidence, on a abandonné depuis longtemps cette preuve si séduisante.

§. V. l’embryon existe dans l’ovaire avant la Fécondation ; preuves.

Les fécondations naturelles étoient un fait démontré aux yeux des observateurs les moins accoutumés aux phénomènes de la nature. Mille observations confirmèrent cette vérité, & démontrèrent ensuite la possibilité des fécondations artificielles. On connoît l’observation de MM. de Jussieu & Duhamel, sur un arbre de térébinthe femelle, qui ne produisit pendant long-temps que des semences infécondes, & qu’ils parvinrent à faire fructifier utilement en approchant pendant la fleuraison un arbre de térébinthe mâle. Qui ignore que M. Gleditsch, voyant dans le jardin royal de Berlin un palmier femelle, que l’on y élevoit depuis plus de quatre-vingts ans, & qui n’avoit jamais porté de fruit, parce qu’il n’y avoit point de palmier mâle, ne pouvant se procurer l’arbre lui-même, imagina de faire venir une certaine quantité de la poussière de ses étamines, & la sema sur les fleurs femelles de ce palmier. Le succès couronna cet essai ; & quoique la poussière qu’il employa eût été neuf jours en route, les fleurs fécondées produisirent des fleurs qui donnèrent des semences fécondes. Mais la manière dont ces fécondations s’opéraient, n’en étoit pas moins enveloppée d’un voile épais. M. l’Abbé Spallanzani un des plus fameux observateurs de ce siècle, cherchant quelques vérités à travers les obscurités que ceux qui l’avoient précédé avoient semées dans cette carrière, a éclairci jusqu’à un certain point ce grand mystère, & a fait connoître où & dans quel temps se formoit l’embryon. Nous ne nous attacherons qu’à les recherches qui regardent le règne végétal. Un des moyens les plus certains qui devoient le conduire à la vérité, étoit d’examiner soigneusement l’état de l’ovaire des plantes avant la fécondation, lorsque les fleurs sont encore fermées ; dans le moment où elle s’exécute, lorsque la corolle est ouverte, & après cette époque, lorsque les pétales sont tombés. Et en effet, s’il est prouvé que l’embryon existe dans l’ovaire avant la fécondation, il sera également démontré qu’il appartient à la femelle, & qu’il n’a besoin que d’un stimulant pour vivre. Si, au contraire, il ne paroît qu’à l’époque de la fécondation ou même