Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/465

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après, il y aura tout lieu de croire qu’il appartient au mâle, ou du moins qu’il doit son existence aux deux principes réunis. Ces recherches demandoient des expériences délicates & un observateur aussi exact, aussi scrupuleux qu’accoutumé à bien voir, & M. l’Abbé Spallanzani jouit éminemment de toutes ces qualités.

Ce savant fit ses premières observations sur une plante de cette espèce de genêt que Linné a nommé spartium junctum, genêt d’Espagne. En examinant les boutons long-temps avant qu’ils soient épanouis, on distingue les pétales repliés sur eux-mêmes, & recouvrant les organes de la génération ; les anthères sont à la vérité garnis de la poussière fécondante, mais elle n’est pas à son état de maturité. À la base du pistil est une espèce de silique, qui est proprement l’ovaire, & qui n’a environ qu’, de ligne de longueur. Cette silique est remplie de petits grains ronds, logés dans autant d’enfoncemens particuliers, & retenus par une espèce de pédicule ; ce sont les semences futures, mais elles ne contiennent ni enveloppe extérieure ni lobes intérieurs ; ce n’est qu’une substance spongieuse semblable à une gelée un peu raffermie. Voilà donc les semences existantes long-temps avant la fécondation.

Peu de temps avant l’épanouissement, toutes les parties sexuelles sont plus grosses & plus aisées à distinguer ; mais les petites semences ne sont pas plus avancées, & elles n’offrent ni les lobes ni la plantule. Ce ne fut qu’après la chute des pétales, qu’elles commencèrent à prendre la forme d’un cœur, & à offrir une petite cavité pleine d’une goutte de liqueur mobile. Au vingt-unième jour cette cavité avoit pris beaucoup d’accroissement, & s’étoit avancée vers la base du cœur ; au vingt-cinquième, elle étoit plus grande encore, & montroit un petit corps bleu, gélatineux, à demi-transparent, attaché par ses deux bouts aux parois de la cavité ; au trentième, la semence n’avoit plus la forme d’un cœur, mais celle d’un rein ; le petit corps contenu dans la cavité étoit plus grand, moins diaphane, moins gélatineux, mais nulle apparence encore d’organisation. Ce ne fut qu’au quarantième que le petit corps parut enveloppé d’une membrane subtile, un peu visqueuse ; il remplissoit toute la cavité, & on pourroit le diviser facilement en deux portions, qu’on reconnoissoit pour être les lobes, & entr’eux on appercevoit la plantule ; enfin, ces lobes & leur membrane subtile étoient entourés d’une espèce de peau qui formoit la partie extérieure de la semence.

D’après ces observations de M. l’abbé Spallanzani, on voit, 1°. « que les semences du genêt d’Espagne existent dans l’ovaire plusieurs jours avant la fécondation ; 2° qu’elles restent quelque temps sans apparence d’organisation, puisqu’il se forme dans leur intérieur une cavité pleine de liquide ; 3°. qu’après la fécondation, l’on voit paroître dans cette cavité un petit corps attaché à ses parois, qui grossit tous les jours ; & enfin montre les deux lobes & la plantule ; 4°. enfin, que la semence parvenue à sa maturité est composée de ces deux lobes, enveloppés d’une membrane subtile, laquelle est recouverte par une sur-peau. »