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Les embryons ne se manifestent donc qu’après la chute des fleurs, & par conséquent après la fécondation, quoique les petites semences, ou pour mieux dire, leurs enveloppes, apparaissent assez long-temps auparavant.

Il faut avoir grand soin dans tout ceci, de ne pas confondre l’embryon & la semence ; la semence est l’enveloppe, l’œuf qui renferme L’embryon.

Les fleurs des fèves, des pois, des haricots, celles du raifort, du pois chiche, de la citrouille & de quantité d’autres, ont offert le même ordre de développement, & par conséquent la même conclusion.

M. Duhamel avoit reconnu pareillement la préexistence des semences à la fécondation, car suivant lui, les semences sont fécondées dans l’intérieur des poires, c’est-à-dire, dans l’ovaire.

Il sembloit donc démontré que L’embryon ne paroissoit qu’après la fécondation, &, à s’en rapporter aux apparences, M. Spallanzani pouvoit conclure que ces embryons ne s’étant jamais montrés dans l’ovaire qu’après l’action de la poussière des étamines, ils dépendoient directement de cette action, & que préexistans dans cette poussière, ils s’insinuaient dans l’ovaire au moment de la fécondation, & alloient se placer dans la semence. Cette conclusion, en apparence si naturelle, si elle étoit vraie, devoit être confirmée par l’analyse de cette poussière, dans laquelle on auroit dû trouver les embryons ; mais les recherches les plus exactes de cet auteur sur la poussière fécondante, ne lui offrirent absolument rien de satisfaisant, & il ne trouva rien à l’extérieur des globules des étamines qui ressemblât à ce qu’il cherchoit ; & dans leur intérieur, il ne distingua que cette vapeur oléagineuse, que tous les naturalistes connoissent, & dont nous avons parlé plus haut.

Il ne restoit plus qu’un moyen à M. Spallanzani, de s’assurer de la préexistence des embryons à la fécondation ; c’étoit de s’assurer si des fleurs que l’on empêcheroit d’être fécondées par le retranchement des anthères, présenteroient également des embryons développés dans l’ovaire ; car il est évident que, si ce développement avoit lieu, les embryons n’appartiennent alors qu’à l’ovaire & non aux étamines. En conséquence, il a fait des expériences sur des fleurs de trois genres différens ; 1° plantes, fleurs, étamines & le pistil unis ensemble ; 2°. fleurs dont les parties mâles & femelles sont séparées sous un même individu ; 3°. fleurs dont les parties sont séparées, mais sur différens individus.

2°. Il choisit, pour la première classe, le petit basilic, & il coupa toutes les anthères des étamines ; & quoiqu’il n’y eût aucune fleur de cette espèce dans tout le voisinage, les semences des fleurs mutilées se développèrent & mûrirent à l’ordinaire, comme si elles avoient été fécondées. Ce succès singulier fit craindre à M. Spallanzani, qu’au moment où il avoit coupé les anthères, il ne se fut répandu quelques grains de poussière sur le pistil ; il répéta l’expérience, & fit l’amputation des anthères sur quatre-vingt-deux boutons de fleurs, assez éloignés de l’époque de leur épanouissement. Aussi le résultat fut-il un peu différent ; presqu’en tiers de ces boutons mu-