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d’ailleurs se couche, se lève à tout moment. On le connoît aussi aux efforts considérables & multipliés qu’il fait pour expulser par l’anus, les corpuscules qui, en irritant l’intestin rectum, l’obligent de se contracter coup sur coup, pour ne se débarrasser souvent que d’une très-petite quantité de matière âcre & visqueuse.

Lorsque dans cette maladie le frisson commence à paroître, le pouls devient petit, fréquent & quelquefois intermittent, le poil s’hérisse, un froid subit & violent, secoue & agite le dyssentérique. Ce froid est remplacé par un pouls plein, dur, précipité, & par une chaleur plus ou moins grande, qui se manifeste graduellement sur toute l’habitude du corps de l’animal ou sur certaines parties seulement. La durée en est indéterminée, mais elle est quelquefois accompagnée d’une si grande soif, que j’ai vu des bœufs attaqués de cette maladie, s’échapper de leurs écuries, courir à toutes jambes aux abreuvoirs publics, & se jeter dans des ruisseaux, où il sembloit qu’ils vouloient boire jusqu’à la dernière goutte d’eau.

C’est de la formation des abcès, de leur ouverture dans la cavité des intestins & de la nature des ulcères qui en résultent, que dépend le plus ou moins de malignité de la dysenterie purulente, & ce qui en même-temps la rend plus ou moins abondante & en détermine la durée ; car, si ces tumeurs & ces ulcères sont l’effet d’une matière âcre, putride, fétide, ichoreuse, gangreneuse, &c. retenue dans les vides & dans les valvules des intestins, elle les tiraille, les enflamme, les ronge, & les symptômes les plus cruels l’accompagnent. On apperçoit alors dans les excrémens, des filamens, des lambeaux du velouté des intestins, & & souvent même des portions considérables de leurs membranes.

Si malgré l’usage des remèdes, il ne paroît aucun signe de guérison, que le pouls reste foible, intermittent ; que l’écoulement du flux dyssentérique répande des exhalaisons fétides, que l’animal n’éprouve plus aucune douleur, & que les extrémités soient froides, on aura lieu de croire que les intestins sont attaqués de la gangrène, & de s’attendre à voir bientôt périr le sujet.

Dès que l’on appercevra le cheval ou le mulet, ou le bœuf affecté d’un flux de ventre glaireux, graisseux, bilieux, on le mettra au régime. (Voy. le mot Régime) La force, la plénitude du pouls & le caractère de l’épizootie, détermineront le médecin sur le nombre des saignées qu’il sera à propos de faire, ou de suspendre, ou de supprimer. On fera boire au malade, plusieurs fois dans un seul jour, de l’eau tiède nitrée, quelquefois foiblement acidulée ; ainsi que des décoctions de mauve, de guimauve, de graine de lin, de grande consoude, de pimprenelle, de riz, d’orge, & le petit lait. Les lavemens seront de la même nature, & aussi multipliés que les breuvages. On placera sous le ventre du dyssentérique, une chaudière remplie de la décoction bouillante de quelqu’une des plantes désignées ci-dessus, & on y contiendra les vapeurs qui s’en exhaleront avec des couvertures. L’usage des purgatifs est indispensable dans cette maladie ; mais pour qu’ils aient quelques succès, il est non-seulement nécessaire que le