Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/566

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qui est le siège du plus grand engorgement, changer d’instrument, qui doit être toujours au même degré de chaleur ci-dessus indiquée, faire plusieurs autres raies latérales tracées obliquement de haut en bas, en les conduisant dans la première ligne, de manière qu’en pratiquant ainsi de chaque côté des raies, on représente une tige avec des ramifications. L’intervalle de chaque raie latérale peut être de quatre ou cinq travers de doigt, observant sur-tout de ne point les porter sur le tendon fléchisseur du pied.

VII. Des moyens pour diminuer une partie de la difformité qui suit l’opération de la cautérisation. Il est possible de diminuer une partie de la difformité de la cautérisation, en faisant d’abord, avec un bistouri, des incisions dans tous les endroits où le maréchal veut passer le cautère : alors on écarte la peau, & l’on passe le couteau de feu dans ces incisions, de manière qu’il ne cautérise que le fond qui est le tissu cellulaire, & un peu des bords des incisions, qu’il n’est pas possible de garantir entièrement. De cette façon, la peau n’étant point gâtée, les cicatrices seront moins apparentes ; mais encore les bulbes ou les racines des poils n’étant point détruites, recouvrent entièrement les vestiges, de manière qu’après quelque temps on ne pourra plus les appercevoir.

VIII. Des soins que l’on doit avoir après la cautérisation des jambes. Il y a quelques soins à prendre après a cautérisation des jambes : ses soins consistent à éviter que l’animal ne se frotte, au point d’y causer de l’inflammation, & d’examiner si les escarres se durcissent, & ont de la peine à venir à suppuration. Dans ce dernier cas, il convient de frotter la partie avec de l’onguent suppuratif, afin d’exciter la suppuration : il faut, au contraire, la saupoudrer avec de l’alun calciné ou de la colophane, si on s’aperçoit que les chairs soient molles, baveuses, & que les cicatrices ne se formassent point.

Il arrive quelquefois, que le feu a trop irrité les parties voisines des raies ; dans ce cas, l’eau fraîche est le remède le plus efficace pour calmer l’irritation & l’inflammation commençante. Si le feu n’a pas agi avec assez d’activité, & si la plaie se cicatrise trop vite, il faut réitérer le feu, & non pas appliquer des caustiques, comme le sont la plupart des maréchaux de la campagne, parce qu’ils ne connoissent ni les effets, ni les différences qui existent entre les caustiques & le feu.

On ne sauroit trop s’élever ici contre les mauvais traitemens des maréchaux de la campagne, qui permettent au laboureur de faire travailler les chevaux cautérisés le même jour ou le lendemain de la cautérisation, sans appliquer aucun remède sur l’escarre. Ne vaudroit-il pas mieux laisser l’animal tranquille & en repos jusqu’à la chute de l’escarre, & à la parfaite cicatrice de l’ulcère ? Que sert-il de faire travailler un animal dont les jambes viennent d’être cautérisées ? N’est-ce pas s’exposer à lui faire enfler les jambes, & à leur causer une violente inflammation accompagnée d’une suppuration trop abondante ? Pourquoi encore donne-t-on à l’animal cautérisé autant de foin & d’avoine qu’à un animal bien portant ? La paille, le son & l’eau blançhe ne lui conviendroient-ils pas