Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/565

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doit connoître l’action du feu, les effets de ce même feu, discerner les cas où, relativement à ces effets, cette opération peut être faite, être instruit de tout ce qui regarde la méthode de pratiquer cette opération.

II. Des effets, en général, que l’on peut attendre de la cautérisation ; des maladies où ces effets paroissent nécessaires, & où la cautérisation est indiquée. Les effets de cette opération sont de détruire quelques portions de la peau ou quelque glande engorgée, faire séparer une portion d’os, fortifier des fibres ou des vaisseaux, raréfier les humeurs, & y exciter de l’effervescence, d’autres fois en produire la fixation, & fermer des vaisseaux ouverts.

Les maladies où la cautérisation est indiquée, sont les tumeurs froides, les tumeurs sans inflammation, les tumeurs glanduleuses, les parties gonflées par l’inertie, par la foiblesse des vaisseaux, dans lesquelles les humeurs séreuses principalement séjournent. On se sert encore utilement du feu, pour conserver ou détruire les vaisseaux qui portent la nourriture à certaines tumeurs telles que le fic, après en avoir emporté l’excroissance avec le bistouri ou tout autre instrument tranchant, dans les engorgemens œdémateux qui surviennent aux jambes, dans les épanchemens de synovie ou de lymphe tendineuse, tels que le vessigon, les molettes, jardons, courbes, éparvins, suros commençans & autres. (Voyez tous ces mots) Enfin le feu est l’unique remède contre la carie, (voyez Carie) pour peu qu’elle soit considérable ; non-seulement il en borne les progrès, mais il contribue encore à faire détacher la portion cariée.

III. Des cas où le feu est contre-indiqué. Le feu est nuisible dans les maladies où il y a inflammation, irritation, douleur dans les parties les plus susceptibles de ces accidens, telles que les parties membraneuses, tendineuses, délicates & douées de beaucoup de sensibilité.

IV. Des instrumens que l’on emploie pour la cautérisation. On peut réduire les instrumens de la cautérisation au cautère scutellaire, autrement dit, au couteau, au bouton, à l’anneau, & à l’S. fermé.

V. Préceptes généraux sur la cautérisation. Avant de fixer l’animal, l’artiste doit se décider d’avance sur la façon d’appliquer le feu, & sur les instrumens convenables. Une autre précaution encore, est de faire chauffer le fer, plutôt au feu de charbon de bois, qu’à celui de pierre, le premier communiquant une chaleur moins acre que le second ; & d’avoir plusieurs cautères d’une même forme, afin que se trouvant toujours échauffée, il n’interrompe pas son opération ; enfin, il doit proportionner le degré de chaleur, à la consistance des parties, c’est-à-dire, qu’il doit laisser prendre au cautère, un commencement de couleur rose pour les chairs, & de couleur de cerise, lorsqu’il s’agit des os.

VI. Manière d’appliquer le feu aux jambes. Pour appliquer méthodiquement des raies de feu aux jambes, le maréchal doit passer d’abord le couteau en long de haut en bas, dans toute l’étendue de l’engorgement, jusqu’à la couronne, & appuyer assez pour brider le corps de la peau, & pénétrer jusqu’au tissu cellulaire,