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menta de jour en jour. Bientôt le plan de chaque feuille, auparavant parallèle à la terre, devint perpendiculaire ; enfin, le retournement ayant continué, la surface inférieure des feuilles s’offrit de nouveau à la terre, & l’autre au zénith.

Toutes choses égales, les jeunes feuilles se retournent plus promptement que celles qui sont plus avancées en âge ; les premières ont un degré de souplesse que les autres ne peuvent plus avoir. De-là vient que ces expériences réussissent bien mieux dans le printemps que dans l’automne. Les feuilles des plantes herbacées se retournent aussi plus promptement que celle des arbres. Au bout de quatre heures, les feuilles de l’atriplex commencent à se retourner. Les feuilles des arbres toujours verts sont dans le même cas que les autres. Le retournement a lieu aussi-bien dans la nuit que dans le jour, mais beaucoup plus promptement dans un temps chaud & serein, que dans un temps frais & pluvieux ; on pourroit même croire qu’il est en raison de la température de l’atmosphère ; mais aussi plus on augmente le nombre de retournemens dans une feuille, & plus il s’opère lentement.

Tous ces retournemens sont des états forcés, & par conséquent doivent influer sur les feuilles & les pétioles, & les altérer ; en effet, les feuilles qui ont subi plusieurs retournemens, paroissent s’amincir ; leur surface inférieure se dessèche & semble s’écailler ; le pétiole noircit, se gerce çà & là, & sur-tout dans les endroits où se fait le retournement. Il n’est pas étonnant que la surface inférieure de la feuille, accoutumée à n’éprouver jamais l’effet des rayons du soleil, & à recevoir l’humidité qui s’élève, souffre, se dessèche & s’écaille.

Si les plantes isolés offrent toujours la surface supérieure de leurs feuilles au soleil, on voit ce même effort agir jusques dans les plantes qui sont voisines d’un abri, comme celles placées près d’un mur ; alors leurs branches & leurs feuilles s’écartent du mur, s’étendent sur les deux côtés, & présentent leur surface inférieure du côté du mur, comme nous l’avons déjà observé pour les feuilles de l’intérieur d’un arbre.

Il est un autre retournement naturel que l’on peut observer dans les plantes, & auxquels on a donné le nom de nutation, il consiste à présenter au soleil leurs feuilles, & à le suivre ainsi dans sa marche. Les feuilles du tournesol, de la grande & de la petite mauve, du trèfle, de l’atriplex, &c. & de quantité d’autres, peut-être même de toutes les plantes herbacées & quelques-unes de ligneuses, comme l’acacia, le troêne, &c. semblent en quelque sorte marcher sur les traces de cet astre. Le matin, on les voit se diriger vers le levant ; au milieu du jour, vers le midi, & le soir au couchant. Quand les branches sont horizontales, & que les feuilles sont attachées des deux côtés, comme dans l’acacia sur-tout, on les voit, avant le lever du soleil, assez horizontales ; mais le soleil vient-il à paroître, à s’élever sur l’horizon, à échauffer l’atmosphère ? bientôt les feuilles frappées de ses rayons, se redressent, le rapprochent & forment une espèce de gouttière : le soleil, au contraire, se précipite-t-il sous l’horison, la chaleur diminue-t-elle ? la