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nonce par le changement de couleur que la feuille éprouve avant sa chute, & qui augmente en proportion de sa maladie. Le désordre augmentant de jour en jour, la feuille meurt, son pétiole desséché, se contracte, & cette contraction le détache insensiblement de la tige : triste jouet des vents, elle tombe enfin, exemple frappant, de la nécessité de mourir, imposée à tout être qui a commencé à vivre. Plusieurs accidens peuvent accélérer cet instant ; une bruine, un froid subit, une gelée, ou dans l’été même, une chaleur forte & long-temps continuée ; mais dans ces cas, la mort est produite par une maladie extraordinaire, & ce n’est pas la marche inévitable de la nature. Les feuilles des arbres, des arbrisseaux, tombent lorsque le bouton qu’elles ont nourri, a acquis sa juste grosseur & sa consistance. Dans l’origine, c’étoit un point imperceptible, mais grossissant peu-à-peu, il agit comme un coin placé à la base de la feuille ; petit à petit, il soulève & détache cette base, enfin, lorsqu’il est bouton parfait & capable de devenir bourgeon l’année suivante, la feuille est détachée, parce qu’il n’a plus besoin de son secours. Cette opération de la nature fait sentir avec quel ménagement on doit effeuiller. (Voy. les mots Bourgeon,& Effeuiller)

Telles sont les causes les plus simples que l’on puisse donner de la chute des feuilles. Les arbres que l’on appelle toujours verds, parce qu’ils conservent leurs feuilles pendant tout l’hiver, & plus long-temps que les autres, ne sont cependant pas exempts pour cela de la loi commune. Si leurs feuilles paroissent braver la rigueur des premiers froids & des gelées, elles n’en tombent pas moins au printemps, lorsque les nouvelles feuilles paroissent, ou si elles subsistent encore quelque temps, leur mort & leur chute n’est que différée.

La feuille qui a été si utile à la plante durant sa vie, en s’appropriant l’air & l’humidité, l’est encore après sa mort en se décomposant. La terre soluble dont elle est composée, les sucs qui se sont desséchés & qui se délayent de nouveau par l’humidité de la terre sur laquelle elle est tombée, vont de nouveau nourrir les racines, & de-là toute la plante. La fermentation putride qui s’établit dans un monceau de feuilles, hâte leur décomposition, & en fait un excellent fumier. (Voyez les mots Amendement, Engrais.)

Section V.

Systèmes botaniques, tirés des Feuilles.

L’envie de classer toutes les plantes, & de trouver ainsi un moyen facile de les reconnoître, a fait chercher des caractères distinctifs & frappans dans toutes les parties apparentes d’une plante. Plusieurs auteurs ont employé les feuilles à cet usage. Les uns ne les ont considérées que comme partie d’un grand système ; les autres les ont choisies pour base. De la première classe sont 1°. Rai qui établit sa douzième & treizième classe sur la disposition & la substance des feuilles ; 2°. Magnol, dans sa troisième section, considère les herbes par rapport à leurs feuilles ; 3°. Boerhaave de même, depuis la cinquième jusqu’à la douzième classe ; 4°. Morandi ; 5°. Heister. Dans la seconde classe, 1°. M. Sauvages qui a établi onze classes, d’après les feuilles considérées comme manquant, les champignons ; comme