Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/615

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action sur les solides seulement, ou sur les fluides ; ou sur les uns, ou sur les autres à la fois ; les inflammations locales, les plaies, les ulcères & autres vices locaux qui affectent sur-tout les parties nerveuses, tendineuses ou aponévrotiques, sont du nombre des premières ; dans le cas d’inflammation avec fièvre, on doit distinguer si la fièvre produit l’inflammation, ou si c’est l’inflammation qui produit la fièvre.

Les secondes, c’est-à-dire, celles qui agissent sur les fluides, sont les différens miasmes, comme varioleux, pestilentiels, qui sont portés dans la masse des humeurs, ou enfin tout ce qui peut déterminer la putréfaction des humeurs. Parmi les causes mixtes on doit compter les constitutions cachées épidémiques de l’atmosphère, les passions de l’ame, les violens & les longs jeunes, l’abstinence qui est propre à causer une dégénération bilieuse des humeurs. L’abus des nourritures & boissons échauffantes sont encore des causes déterminantes mixtes.

La fièvre est souvent un secours nécessaire pour guérir certaines maladies ; aussi faut-il quelquefois la produire par des moyens que l’art a imaginés, sur-tout dans les maladies chroniques. Torti a fort bien observé que dans celles-ci elle étoit un remède préférable à tous les évacuans & altérans qu’on pourroit donner ; mais qu’il falloit que le cours en fût complet & la crise parfaite, autrement le reste d’une crise imparfaite rendroit la maladie beaucoup plus dangereuse, sur quoi nous devons aussi observer que l’art ne vaut jamais la nature, & que la crise des fièvres produite par l’art, est toujours plus incomplète que celle de la nature.

S’il est quelquefois difficile & très-dangereux d’exciter la fièvre dans certains cas, il est aussi facile & plus sûr de la rappeler, lorsqu’elle n’est pas bien éteinte. Quand les accès de fièvre intermittente ont été supprimés mal-à-propos, ce qui peut occasionner des obstructions, des hydropisies, la nature montrant alors par des légers mouvemens fébriles, qu’elle veut éviter le danger, on peut l’aider en employant les amers, les sels neutres & autres fébrifuges à petite dose. Verloof a observé que le kina donné à petite dose, étoit employé avec succès : cela paroît singulier, mais il en est du principe viral comme des passions de l’ame. Lorsque les obstacles opposés ne sont pas assez forts pour en arrêter les obstacles, ils ne font que les augmenter en les irritant. De même le kina, qui, donné à haute dose, est un obstacle invincible au principe vital, donné à petite dose, ne fait que l’irriter & augmenter par-là le désordre de ses mouvemens. Les symptômes les plus généraux des fièvres, sont le frisson & la chaleur.

Dans le frisson, le pouls perd de sa force & de sa vélocité ; il est quelquefois très-rare. Dans cet état, il se fait une congestion de sang dans le cœur & les gros vaisseaux, de telle sorte que le cœur ne se vidant pas assez promptement, la circulation doit être nécessairement très-lente ; c’est cet engorgement de sang qui produit cette couleur livide & violette des extrémités, observée chez les malades qui sont dans le frisson.

Dans la chaleur, il faut distinguer avec soin le sentiment de chaleur intime du malade, d’avec la chaleur physique mesurable par le thermomètre ; le sentiment interne de cha-