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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/616

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leur forte & brûlante qu’éprouvent les malades dans certains cas, quoiqu’on ne la trouve point au tact, est encore une preuve de cette disproportion.

La fièvre a trois terminaisons ; la mort, ou la dégénération en une autre maladie, ou la santé. Le traitement de la fièvre en général, doit se rapporter, 1°. à la cause qui l’a produite ; 2°. aux forces du malade ; 3°. à corriger & en prévenir les effets fâcheux qui peuvent survenir ; 4°. à évacuer les cavités & les viscères qui peuvent être embourbées.

Si elle dépend d’une abondance du sang, la saignée sera très-appropriée ; la diète sévère & les rafraîchissans auront les plus heureux succès.

Mais si elle est l’effet de l’embarras putride dans les premières voies, on la combattra par l’usage des vomitifs aqueux & des purgatifs doux & acidulés ; on soutiendra les forces du malade par des alimens doux, aisés à digérer, qui résistent à la putréfaction, & opposés à la cause connue de la fièvre. Comme la fièvre n’est qu’un moyen salutaire dont la nature le sert pour se débarrasser de ce qui la surcharge, le médecin doit l’aider dans son travail ; il doit se plier & se prêter dans toutes les évacuations qu’elle excite ; il ne doit jamais la troubler dans ses fonctions, sur-tout lorsque les causes sont détruites, & que la fièvre se dispose à opérer une crise salutaire. Il est vrai que la fièvre emporte beaucoup de gens qui sont forts & vigoureux ; mais il faut aussi convenir que ce n’est que lorsque la malignité ou d’autres complications viennent troubler son mécanisme, en s’opposant à ses crises salutaires.

DIVISION DES FIÈVRES.
EN Simples. Continues sans accès sensible.
Continues avec redoublement.
Putrides. Sans signes d’inflammation.
Avec signes d’inflammation.
Intermittentes. Quotidienne.
Tierce.
Quarte.
Lentes

I. On appelle fièvre simple continue celle qui n’abandonne jamais le malade sans lui donner un redoublement sensible ; sa marche est toujours la même, & les symptômes qui l’accompagnent ne varient point depuis le commencement jusqu’à sa terminaison. Elle n’est pas dangereuse, & le traitement doit se rapporter aux causes qui la produisent : comme on n’y observe aucune inflammation, la saignée ne peut être employée ; les délayans, légèrement acidulés avec le jus de citron ou le vinaigre, & pris en assez grande quantité, seront suffisans pour la combattre avec succès : les purgatifs doux & acidulés, donnés sur la fin de cette fièvre, la feront disparoître ; le quinquina ne doit pas même être employé, parce qu’on n’a pas à craindre des récidives, sur-tout si, avant de permettre au malade l’usage des alimens solides, on a enlevé la cause putride qui surchargeoit l’estomac & les autres viscères du bas ventre : un bon régime de vie est seul capable