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de la guérir, si le malade est assez patient pour attendre les mouvemens salutaires de la nature. Pour l’ordinaire, cette fièvre se termine par quelque éruption de boutons au visage, qui sont toujours des preuves de ses bienfaits & de son attention à tout ce qui peut tendre au rétablissement de la santé. Si elle n’est pas toujours uniforme dans ses crises, c’est qu’on ne respecte point assez ses efforts, & qu’on cherche à l’accabler sous le poids des remèdes multipliés quelquefois très-inutilement.

La fièvre continue avec redoublement, s’appelle rémittente. C’est le seul caractère qu’on donne comme propre à cette fièvre. On y observe, de temps en temps, des concentrations du pouls bien marquées, une inégalité successive des mouvemens fébriles.

Lorsque la fièvre rémittente n’a pas commencé par une intermittente, il n’est pas facile de la reconnoître ; car, quoiqu’après avoir fait une saignée au commencement, on donne d’autres remèdes le premier jour, les symptômes diminuent le lendemain, on ne doit pas la déclarer telle, à moins qu’il ne règne alors une constitution épidémique de ces fièvres, ou que les urines ne déposent un sédiment.

Le vrai moyen d’appliquer à cette fièvre un traitement convenable, est de bien examiner si le caractère intermittent domine, parce qu’alors l’usage du kina est très-avantageux ; ou, si c’est le caractère continu qui l’emporte sur l’intermittent, dans ce cas, le kina est tout au moins inutile, & le plus souvent nuisible. Je dois faire observer qu’on ne doit point donner le kina lorsque les symptômes qui annoncent le redoublement, tiennent plus à la chaleur qu’au froid.

Du reste, le traitement des symptômes qu’on remarque dans cette seconde espèce de fièvre continue, est exactement le même que celui qui est indiqué pour ceux de la première ; je veux dire, qu’on emploie la saignée & autres moyens anti-phlogistiques, quand il y a inflammation, tendance d’humeurs vers la tête : il vaut toujours mieux la pratiquer dans le redoublement & dans le chaud. Les émétiques, les purgatifs seront aussi très-bien indiqués lorsqu’il faudra débarrasser l’estomac & le reste des premières voies, des matières bilieuses qui causent & entretiennent cette fièvre ; les tisannes acidulées sont d’autant plus recommandées, que la bile sera plus abondante & plus âcre : les lavemens d’eau pure, aiguisés avec le vinaigre, sont des bains intérieurs dont on ne sauroit assez recommander l’usage dans cette fièvre. Les bouillons d’herbes sont préférables à ceux de viande ; ceux-ci subissent une dégénération bilieuse, & ne font qu’augmenter la cause fébrile ; les crèmes de riz acidulées, & autres farineux, nourrissent le malade d’une manière plus analogue aux vues qu’on se propose.

II. Fièvres putrides. La fièvre putride, sans signes d’inflammation, s’annonce par les symptômes suivans : les malades ont la bouche mauvaise, pâteuse, & quelquefois amère ; ils éprouvent des envies de vomir ; leur estomac ne peut supporter aucune nourriture solide ; ils rendent des vents par la bouche ; ils ont des rapports qui ont le goût