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souvent troubles, & il a une disposition habituelle aux frissons.

En général, dans toutes les fièvres intermittentes on ne doit donner aucune nourriture, ni boisson, que l’accès ne soit fini, ou ne soit à son déclin, & sur-tout pendant le frisson, parce qu’elle ne fait que surcharger les viscères & prolonger l’accès. Il faut se contenter de tromper la soif du malade par des gargarismes.

Quant au traitement pendant l’intermission, on doit observer que la diète végétale est à préférer aux sucs des viandes, & sur-tout qu’elle doit être austère. Si cependant on prévoit que la fièvre sera longue, ou bien, si elle est bénigne de sa nature, on pourra se relâcher sur cette rigidité de régime.

La fièvre quotidienne intermittente, prend & quitte le malade tous les jours. Elle est double ou triple, quand il y a deux ou trois accès en vingt-quatre heures.

Cette fièvre indique plus la saignée que les autres, parce qu’elle a plus de pente à devenir continue, & même inflammatoire ; les belles expériences de Lancrist prouvent que dans cette espèce, le sang est plus tenace & plus difficile à diviser, d’où il faut conclure, que les antiphlogistiques y sont plus appropriés.

Ceux qui abondent en humeurs, qui mènent une vie sédentaire & oisive, & qui se gorgent d’une grande quantité d’alimens, sont sujets à cette fièvre ; c’est pourquoi, elle est très-fréquente chez les enfans. Cette fièvre arrive ordinairement dans l’hiver, dans des temps & des lieux humides.

La fièvre tierce revient de deux jours l’un ; la tierce est double, lorsqu’elle revient tous les jours, comme la quotidienne, avec cette différence qu’elle a alternativement un accès plus fort que l’autre ; le troisième répondant au premier, le quatrième au second. Dans les accès de la fièvre tierce, la chaleur est âcre, rongeante & très-forte. Cette fièvre attaque les personnes qui ont un tempérament sec, chaud & bilieux. On l’observe très-fréquemment dans les pays chauds. Les jeûnes & les abstinences sont très-propres à la déterminer dans les sujets bilieux.

Non-seulement les indigestions dans les personnes bilieuses, mais encore le plus petit refroidissement externe de la région épigastrique, est une cause qui détermine le plus puissamment la production de la fièvre tierce dans les sujets qui y sont exposés.

L’expérience démontre chaque jour, que ceux qui habitent des pays-voisins des marais, ou lacs dont les eaux sont corrompues, sont attaqués très-souvent des fièvres tierces ; nous en avons un exemple dans le bas-Languedoc ; lorsque le canal de cette province est mis à sec, ou qu’on le recreuse dans certains endroits, tout le pays voisin est infecté des fièvres tierces, sur-tout si la fin de l’été est très-chaude.

La fièvre tierce régulière, traitée comme il faut, n’est point dangereuse ; mais, pour la guérir avec succès, il faut faire attention, dans son commencement, si la chaleur domine sur la quantité d’humeurs épaisses, ou si c’est le contraire. Dans le premier cas, on commencera le traitement par la saignée, après laquelle on donnera l’émétique ; &