Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/621

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le second, l’émétique précédera toute évacuation sanguine.

Si jamais l’usage de l’eau froide doit être permis en maladie, c’est dans cette fièvre, lorsque la chaleur est bien développée : c’est alors qu’il faut la donner à grande dose, pour empêcher la dégénération bilieuse de nos humeurs. Alexandre de Trâles donnoit du melon, & par-dessus une grande quantité d’eau, une heure avant l’accès, ce qui lui produisoit des selles bilieuses très-avantageuses. J’ai guéri un curé attaqué de cette fièvre, en lui faisant manger beaucoup de pêches bien mûres, qui le purgeoient mieux que toutes les médecines qu’il auroit pu prendre.

Nous observons dans ce pays, que les gardes-vignes, qui ne se nourrissent que de raisins & de figues plusieurs mois de suite, jouissent ordinairement, pendant toute l’automne, d’une très-bonne santé ; saison cependant où l’on observe le plus souvent des fièvres quartes, & autres maladies épidémiques.

On ne sauroit assez recommander l’usage des boissons acidulées dans cette fièvre : les acides végétaux, tels que le vinaigre étendu dans de l’eau, les minéraux donnés à agréable acidité sont les vrais & les puissans correctifs de la bile, qui est pour l’ordinaire incendiaire dans la fièvre tierce.

Enfin, on termine le traitement de cette fièvre, en donnant du kina en substance, qui agit toujours plus efficacement, que donné sous toute autre forme ; mais son emploi ne peut avoir lieu que lorsque la cause fébrile est entièrement évacuée, que les fibres n’ont aucune espèce de roideur, & que la chaleur a presque disparu.

La fièvre quarte n’attaque que tous les quatre jours, & laisse deux bons jours de suite. Personne n’ignore que la fièvre quarte est la plus rebelle de toutes. Elle est souvent compliquée d’obstructions au bas ventre : lorsqu’elle dégénère en fièvre continue, elle est dangereuse. J’ai observé que cette fièvre étoit salutaire à la jeunesse ; elle corrige les vices du tempérament, & renouvelle, pour ainsi dire, la constitution. Elle a opéré sur moi ces mêmes effets.

Dans le commencement d’une fièvre quarte, le pouls est rare, relativement à son état naturel ; & quoiqu’il devienne plus fréquent dans le fort de l’accès, il est cependant plus lent que dans les autres fièvres intermittentes, & sa lenteur se continue dans les intervalles.

La saignée est, en général, contre-indiquée dans cette fièvre. Je ne veux pas dire que toute évacuation sanguine soit désavantageuse : celle des hémorroïdes procure des effets très-salutaires, & s’il paroissoit de ces tumeurs, on en détermineroit le flux, en y appliquant des sangsues.

La fièvre quarte, sur-tout lorsqu’elle est longue, est entretenue par des humeurs tenaces qui indiquent l’usage des apéritifs, des fondans & sels neutres digestifs, tels que les sucs de chicorée, de pissenlit, de fumeterre, combinés avec le sel de glauber & la terre foliée de tartre.

On doit donner le kina pour diminuer les mouvemens fébriles, mais avec beaucoup de précaution, & à une dose qui ne soit ni trop petite ni trop continuée, pour suspendre entièrement les accès.

L’observation ne prouve que trop que cette fièvre résiste au traitement