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continuelle de l’animal, la chaleur extrême des tégumens, leur sécheresse, la respiration laborieuse, les grands soupirs répétés, le grand battement des flancs, & sur-tout le pouls foible.

Traitement. C’est ici qu’il est urgent d’administrer les remèdes avec prudence, cette maladie étant presque toujours décidée avant le septième jour. Ainsi, l’animal est-il jeune, vigoureux, sanguin, saignez-le plusieurs fois à la veine jugulaire dans l’espace de vingt-quatre heures ; donnez-lui tous les jours des breuvages, ou bien des bols faits d’une once de sel de nitre, de trois drachmes de camphre, & de suffisante quantité de miel. Si la bouche est sèche, contentez-vous de l’abreuver, & de le soutenir avec de l’eau blanche nitrée seulement. Les forces vitales paroissent-elles diminuer ? empressez-vous d’appliquer de larges vésicatoires sur les deux fesses. Ne saignez jamais l’animal le troisième jour de la maladie, elle seroit mortelle : ne lui donnez pas non plus aucun breuvage sudorifique, à moins que vous ne soyez physiquement sûr de quelques signes qui annoncent une crise par les sueurs. La soif de l’animal est-elle extrême ? faites dissoudre dans l’eau blanche de la crème de tartre ; donnez-lui même du petit lait, si vous en avez. N’oubliez pas de lui faire sentir de temps en temps de l’esprit volatil de sel ammoniac, pour lui réveiller les forces vitales ; entretenez-les par des fréquentes fumigations dans l’étable, avec des baies de genièvre dans le vinaigre. Observez sur-tout de bouchonner de temps en temps l’animal, de le tenir dans une écurie propre, & dont l’atmosphère soit d’une chaleur tempérée.

Section V.

De la fièvre maligne des chiens.

C’est de l’excellent Ouvrage des Recherches Historiques & Physiques sur les Maladies épizootiques de M. Paulet, que nous tirons cet article. « Il y a plusieurs années, dit ce docteur célèbre, qu’on observe une fièvre maligne qui détruit les chiens, qu’on appelle la maladie des chiens. »

» Le premier jour, l’animal a une démangeaison au nez, les yeux ternes ; il éternue souvent, il est comme enchifrené. Le deuxième jour, il traîne le train de derrière, il est penché sur un des côtés, ne peut se soutenir sur ses jambes, de derrière sur-tout ; il est dans un état de stupeur. Le troisième, ces accidens continuent, & la stupeur augmente. Le quatrième, il coule du nez une mucosité épaisse, semblable à du blanc d’œuf, qui sort par filandres ; l’animal est constipé, quelquefois il rend des matières fort dures & teintes de sang : il a une fièvre très-considérable, accablement ; l’animal ne désire ni de manger ni de boire ; il est très-assoupi, sa langue est chargée ; tout son corps est très-sensible lorsqu’on le touche. Cet état se soutient pendant plusieurs jours, pendant lesquels il éprouve des alternatives de froid & de chaud, des tremblemens ; il est toujours assoupi. La foiblesse des reins, dans les uns, n’est qu’accidentelle, & revient par intervalles ; dans les autres, elle est continuelle. Lorsqu’elle n’est que passagère, on remarque que la connoissance vient