Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/651

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

serve la moiteur si utile à leur reprise. Si on craint que les rats & autres animaux de ce genre, attirés par la paille & par leur goût pour l’écorce encore tendre du figuier, nuisent à la plantation, un peu de bouse de vache jetée sur cette paille, ou sur la terre nue, si on n’emploie pas la paille, préviendra leur dégât.

Si, l’année suivante, on veut travailler légèrement le sol de la fosse, on le peut, mais il faut prendre garde d’endommager les racines. Il vaudroit beaucoup mieux, à l’entrée de l’hiver, faire couvrir cette fosse avec du fumier très-consommé, & le recouvrir légèrement de terre, jusqu’à ce que l’orifice de la fosse soit presque à niveau du sol du champ ; car on a dû prévoir que celui de la fosse se sera affaissé, ce qui arrive à toute espèce de terrein remuée.

Il est essentiel, dans les deux années, après la plantation, de ne pas couper les branches latérales nées sur la mère-tige. Elles lui aident à prendre du corps, & à multiplier ses racines, sur cet arbre, comme sur tous les autres, proportionnées au nombre & à l’étendue des branches. À mesure que le tronc se fortifie, on retranche ; par la suite, & peu chaque année, les rameaux inférieurs, & les plaies doivent tout de suite être recouvertes avec l’onguent de St. Fiacre.

Tant que les branches du sommet ne forment pas une tête d’une certaine étendue, on peut cultiver & semer le champ, comme celui planté en oliviers, & laisser l’espace de trois à quatre pieds tout autour de l’arbre sans semer. Lorsque l’ombrage devient considérable & étendu, on jetteroit vainement le grain en terre ; il seroit étouffé, à moins qu’il ne fût destiné à la nourriture du troupeau, jusqu’au moment que les feuilles commenceront à se développer. Dans une figuerie bien établie & en valeur, un labour croisé, avant & après l’hiver, est très-nécessaire. Beaucoup de cultivateurs n’y regardent pas de si près, & se contentent, mal à propos, de travailler la terre tout autour du pied de l’arbre ; mais si l’on compare les produits, on se convaincra de la meilleure méthode.

Comme les racines des figuiers ont beaucoup de chevelus, elles effritent la terre & l’amaigrissent, & insensiblement la figuerie s’appauvrit, s’épuise, & il faut recourir aux engrais. Ceux qui sont pailleux, peu consommés, sont presque nuls ; & si on les répand après l’hiver, l’ardeur du soleil dissipera en pure perte les sucs qu’ils contiennent. Il vaut donc mieux préparer à l’avance du terreau, ramasser les balayures des cours, des cuisines, les dépôts des mauvaises herbes déjà putréfiées, enfin, les répandre sur le champ avant l’hiver, & les enterrer alors par deux bons labours croisés. À cette occasion, Olivier de Serre se sert d’une bonne expression : Le fumer & le labourer avance l’abondance de bonnes figues.

Le grand froid, les gelées tardives du printemps, & les grandes sécheresses, sont les destructeurs des figuiers dans les provinces méridionnales. On doit à M. de la Brousse, docteur de la faculté de Montpellier, de bonnes observations à ce sujet. Il conseille, pour réparer les suites de ces calamités, d’enlever tout le bois mort. Si la mortalité a passé de toutes les branches, ou de la plus