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résidu de l’acide vitriolique : en se combinant avec l’alcali, il formera ou du sel de glauber si c’est de l’alcali minéral, ou du tartre vitriolé, si c’est de l’alcali végétal.

Quelquefois ces eaux minérales contiennent l’alcali bien cristallisé, & M. Monnet en a trouvé dans quelques sources en Auvergne, mais il y est plus ordinairement en état de dissolution. Cet alcali, suivant l’observation de M. Duchanoy, est en général plus doux que l’alcali ordinaire, parce qu’il paroît être complètement saturé & neutralisé par l’air fixe. Non-seulement l’alcali minéral se rencontre dans ces eaux, mais aussi l’alcali végétal s’y trouve fréquemment.

L’abondance d’air fixe ou d’acide aérien, qui se trouve combiné dans les eaux alcalines, les met à même de pouvoir dissoudre une certaine quantité de terre calcaire, & alors ces eaux prennent le nom de terreuses. Ces eaux minérales qui en charient beaucoup font effervescence avec les acides, & verdissent le syrop de violette. Si on les expose au grand air, l’air fixe se dégage, & Il se forme sur la surface de l’eau une pellicule terreuse qui augmente insensiblement, & qui, à raison de la pesanteur qu’elle acquiert, se précipite au fond de l’eau. Cette pellicule terreuse est une vraie terre calcaire faisant effervescence avec les acides, & est très-dissoluble dans ses menstrues, surtout dans le vinaigre qui la sépare très-facilement & des terres martiales, & des autres matières terreuses que l’eau peut contenir.

La terre dans les eaux minérales n’est pas toujours en état de dissolution ; mais elle n’est simplement que divisée & suspendue dans l’eau ; & la terre n’est pas toujours calcaire, la terre base du sel d’epsom ou la magnésie s’y trouve aussi fréquemment. On les distingue facilement l’une de l’autre, en les dissolvant dans l’acide vitriolique, qui forme de la sélénite avec la première, & du sel d’epsom avec la seconde.

Nous allons donner par ordre alphabétique, la notice des principales eaux acidules alcalines & terreuses froides, avec les principes qu’elles contiennent.

Bard. Les eaux de Bard sont très-alcalines & très-spiritueuses ; elles sont vives & pétillantes ; en perdant leur air fixe, elles se troublent & elles deviennent au goût sensiblement alcalines & désagréables. Suivant l’analyse de M. Monnet, dix pintes de ces eaux contiennent cinq gros de matière fixe, dont moitié est de l’alcali minéral, & l’autre est terre calcaire & sélénite.

Chateldon. Les eaux de Chateldon ont été analysées successivement par Messieurs Desbrest, Sage, & de Fouroy. & tous les ont trouvées alcalines & terreuses. Elles sont abondamment gazeuses.

Langeac. L’air fixe y est très-abondant ; elles se colorent en rouge par la noix de gale, & verdissent à la longue le syrop de violette. Elles contiennent par pinte douze grains d’alcali, autant de terre magnésienne, deux grains de terre argileuse, & quelques grains de terre insoluble dans les acides.

Medague. Ces eaux sont très-gazeuses, &, suivant M. Chappel, dix pintes tiennent cinq gros & demi d’alcali minéral, mêlé d’un peu de sel marin, de la terre magnésienne & un peu de terre martiale.