Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/682

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La seconde espèce sont les fleurs anomales, dont toutes les pièces sont irrégulières & dissemblables. Les imaginations industrieuses trouvent dans ces fleurs tout ce qu’elles veulent, à peu près comme dans les nuages. C’est ainsi que dans l’orchis M. Tournefort voyoit tantôt un homme nu, tantôt un papillon, une abeille, un pigeon, un singe, un lézard, &c. Ce seroit trop long de donner ici les desseins de toutes les variétés des fleurs anomales ; il en faudroit autant qu’il y a d’espèces, parce qu’elles ne le ressemblent point du tout ; nous n’en citerons ici que trois ; 1°. la violette Fig. 14, qui paroît avoir quelqu’apparence avec les fleurs légumineuses ; mais qui en diffère, parce qu’elle est composée de cinq feuilles, dont les deux supérieures A & E s’élèvent en manière d’étendard ; deux latérales CD, sont comme des ailes placées au-dessous, & une inférieure E qui est terminée par un éperon F ; 2°. l’aconit Fig. 15, dont le pétale supérieur A est comme un bonnet ou un casque pointu : les deux latérales BB représentent en quelque manière les oreillettes, & l’inférieure, la mentonnière ; 3°. la capucine, Fig. 16, à cause de son nectaire très-alongé F, adhérent au calice D.

§. II. Fleur considérée suivant sa disposition sur les tiges. Jusqu’à présent, nous n’avons considéré la fleur que comme simple, c’est-à-dire, que comme étant unique sur son réceptacle ; mais il arrive souvent qu’elles sont réunies plusieurs ensemble, & alors la fleur devient composée. Avant de décrire cette dernière, il faut auparavant examiner comment elle peut être placée sur les tiges ; cette variété mérite l’attention d’un curieux observateur.

La fleur simple peut se trouver dans différens endroits de la plante, & elle prend autant de noms différens ; elle est terminale, quand elle est placée à l’extrémité de la tige ou des rameaux, l’anémone ; latérale, sur les côtés de la tige, la germandrée ; dans ces deux cas, elles peuvent être toutes rangées d’un même côté, ou éparses & sans ordre ; sessiles, lorsqu’elles n’ont point de pédoncules & qu’elles adhèrent immédiatement sur la tige, la turquette ou herniaire ; solitaires ou ramassées, suivant qu’elles sont seules ou plusieurs ; droites ou penchées, ou verticales : les premières regardent le ciel, la gentiane ; les secondes s’inclinent un peu vers la terre, la tulipe ; les dernières pendent perpendiculairement, le muguet : axillaires, lorsqu’elles sont disposées dans les aisselles des feuilles ou des branches, la jusquiame ; radicales, lorsqu’elles naissent immédiatement de la racine, la colchique ; verticillées, lorsqu’elles sont disposées en forme d’anneau autour de la tige, la sauge, Fig. 1, Pl. 11 ; en ombelle, lorsque les pédoncules se réunissent tous en un point commun, d’où ils divergent, en imitant les branches d’un parasol, Fig. 2, le persil. On verra à l’article système, que M. Tournefort a tiré de cette disposition, le caractère de sa septième classe, & il a nommé ombellifères les plantes qui ont de pareilles fleurs. Voyez le mot Ombelle pour tout ce qui regarde cette espèce de fleurs. En corimbe, lorsque les pédoncules, partant graduellement de différens points d’une tige commune, arrivent