Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/687

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fleur ; 2°. relativement à l’heure du jour où les fleurs s’épanouissent : la première se nomme floraison annuelle, & la seconde, floraison journalière.

§. I. De la floraison annuelle. Il est constant qu’une plante naturelle à un pays, fleurit dans la saison où elle trouve le degré de chaleur & la perfection de la sève qui lui conviennent le mieux. Mais si on vient à la transplanter dans un autre climat où la température & le sol soient différens, il est naturel de penser que le moment de son épanouissement sera dérangé. Il n’est donc question ici que des plantes naturelles à un climat, ou du moins qu’une longue culture y a, pour ainsi dire, naturalisées. Ajoutons encore qu’il ne faut pas oublier qu’une infinité de circonstances peut avancer ou retarder l’épanouissement, & ne permet que de donner les temps moyens. Cette connoissance ne peut être que très-agréable & très-utile ; & bien savoir le temps auquel chaque plante fleurit dans un pays, sert à connoître le temps le plus convenable pour les semer, & la manière la plus avantageuse pour les cultiver. Elles indiquent en quelque sorte les saisons & les travaux qu’il faut faire ; c’est ainsi que la scabieuse succise, la pornassia, &c. fleurissent au temps de la fauchaison où le trèfle perd ses fleurs. D’ailleurs, comme l’agréable doit toujours accompagner l’utile, cette connoissance met en état de faire succéder dans un jardin d’agrément les fleurs aux fleurs, depuis la naissance du printemps jusqu’à la fin de l’automne. Il est encore une classe de personnes à laquelle cette connoissance est absolument nécessaire ; c’est celle qui s’occupe à ramasser les plantes utiles en médecine. Il faut les cueillir au moment Où elles commencent à fleurir, parce que c’est le moment où elles ont plus de délicatesse. Si l’on attend plus long-temps, elles acquièrent à la vérité plus d’activité & de force ; mais aussi elles prennent quelquefois une saveur désagréable, comme cela arrive à la mélisse.

M. Adanson, dans son premier volume des Familles des plantes, a donné un tableau du temps où les plantes les plus communes fleurissent dans le climat de Paris ; il est peu considérable ; nous préférons celui que M. Durande a donné dans ses Notions élémentaires de botanique, d’autant plus volontiers, qu’ayant été fait pour le climat de Dijon, & ce climat régnant vers le milieu de la France, ce tableau peut convenir à tout le royaume, & la différence ne peut être considérable.

D’après ce savant botaniste de Dijon, on voit fleurir au mois de février, le bois-gentil, le peuplier blanc, le perce-neige, le saule-marceau, l’ellébore, le buis, le coudrier, l’if.

En mars, la primevère, la renoncule ficaire, le tussilage, la violette, l’amandier.

En mars & avril, le cabaret, la cardamine, le cerisier, la consoude, le cormier, la giroflée jaune, l’herbe-à-paris, l’hépatique, le lierre terrestre, le pétasite, la petite pervenche, le pissenlit, le poirier, le pommier, le prunier, la pulsatille, la surelle.

En mai, temps de la floraison du plus grand nombre de plantes, on observe sur-out en fleur, l’alliaire, l’aconit, l’aspérule odorante, l’argentine, l’aristoloche, la bourrache, la bryoine, la bugle, le cabaret, (mars)