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dans la scabieuse ; alors on les nomme faussement composées ou simplement agrégées.

Par rapport à la distribution des fleurs composées sur la tige & sur les rameaux, elles peuvent être dans le même cas que les fleurs simples ; ainsi nous n’en parlerons pas, & nous allons examiner la vie de la fleur.

Section IV.

De la Floraison & Défloraison.

La fleur tendrement renfermée dans le bouton, (Voyez ce mot) n’attend que le retour de la chaleur pour briser les enveloppes qui la retiennent captive, se développer & offrir à nos sens ce qui peut les flatter plus agréablement, en même temps qu’elle acquiert cette force & cette vigueur nécessaire pour remplir les vues de la nature dans le grand acte de la fécondation. L’épanouissement des fleurs est le premier signal du retour du printemps, & la nature annonce par ces jolies productions, la suite des richesses dont elle va nous combler successivement dans le cours de l’année. Si elle nous les donnoit toutes en même temps, l’instant de la jouissance s’évanouiroit bien vite, & seroit bientôt suivi de nos injustes regrets ; en conséquence elle a ordonné aux fleurs de ne s’épanouir que successivement, afin que nos plaisirs renaissent sans cesse. Chaque saison, chaque mois a sa fleur favorite, & n’attend que son degré de chaleur & d’impulsion de sève pour s’offrir à nos regards. Non-seulement cette variété est frappante dans les plantes de genre & d’espèce différens, mais encore dans la même plante, si elle est garnie de plusieurs fleurs. La plante porte-t-elle des fleurs en bouquet ou en grappe ? les premières qui s’entr’ouvriront seront toujours celles qui seront les plus voisines de la tige, parce qu’elles reçoivent les premières les influences de la chaleur terrestre & des sucs que les racines y pompent. Celles qui terminent le bouquet sont encore fermées, tandis que les premières sont épanouies, & elles ne s’épanouiront à leur tour qu’après que les autres seront fanées & flétries. Quelle prévoyance de prolonger ainsi nos jouissances ! Le buisson qui porte la rose, semble perdre & quitter tous les jours sa parure ; & dans quelques espèces, il n’y a presque point de mois où il ne nous fasse quelque présent.

Cette espèce de profusion & de désordre n’est qu’apparent : il tient aux loix constantes de la végétation. Les circonstances du climat, de l’exposition, de l’abri, de la nature du terrain, de la température de l’atmosphère, influent nécessairement sur le développement des fleurs, & il étoit difficile de les observer longtemps sans être frappé d’une sorte de régularité qu’elles suivent dans leur développement. Ce phénomène n’a pas échappé à quelques botanistes qui en ont même voulu faire la base de leur systême ; Dupas en 1607, Besler en 1613, & Pauli en 1708. Le chevalier von-Linné a poussé ces observations plus loin, & M. Adanson a fait pour Paris ce que le premier avoit fait pour Upsal ; M. Durande les a imités pour le climat de Dijon.

Nous considérerons avec eux la fleuraison sous deux points de vue, 1°. relativement au temps de l’année ou à la saison où elle a lieu pour chaque