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parce qu’elle ne contient qu’une demi-drachme de sel par livre. Il paroît constant, d’après M. Duchanoy, que les deux premières sources contiennent encore un peu de sel marin déliquescent.

Lamothe. La chaleur de ces eaux va jusqu’au soixante-quatrième degré, & elles tiennent par pinte près de quatre grains de terre calcaire, vingt-quatre de sélénite, dix-huit de sel d’epsom, un demi grain de matière extractive, & à peu près autant de sel marin à base terreuse.

Pouillon. Les eaux de Pouillon sont froides, leur goût est fort salé, & légèrement martial : selon l’analyse de M. Costel, elles contiennent par pinte deux gros & quelques grains de sel marin ordinaire, cinquante-quatre grains de sel marin à base terreuse, non déliquescent, & un peu d’air fixe.

Classe III. Eaux sulphureuses.

Les eaux sulphureuses sont très-faciles à distinguer des autres eaux minérales, par leur odeur particulière, qui est semblable à celle d’œufs couvés, ou plutôt à celle d’œufs durs que l’on ouvre tout chauds, & par une saveur désagréable ; elles ont aussi la propriété de noircir l’argent qu’on expose à leur vapeur, ou qu’on laisse séjourner dedans : cependant une douce chaleur, & quelquefois le seul accès de l’air libre suffit pour leur faire perdre leur odeur & leur goût. Presque toutes les eaux sulphureuses sont onctueuses, douces au toucher, & thermales, c’est-à-dire, chaudes.

Quel est le principe qui, combiné avec l’eau, leur donne toutes ces propriétés analogues à celles du soufre ? On avoit cru autrefois que c’étoit le soufre lui-même, ou l’esprit sulphureux, ou le foie de soufre. Mais MM. Venel & Monnet ont démontré la fausseté de ces opinions, & ont assuré que ces eaux n’étoient imprégnées que de la seule vapeur du foie de soufre. M. Bergman, chimiste suédois, dans son excellent Traité des analyses des eaux, pense que c’est le gaz ou l’air hépatique. M. Duchanoy y admet aussi, d’après l’analyse de certaines eaux, du foie de soufre, tantôt alcalin, tantôt calcaire ou argileux. Il paroît donc constant qu’il existe deux espèces d’eaux sulphureuses ; l’une qui contient véritablement un peu de foie de soufre, & l’autre qui n’est minéralisée que par l’air ou le gaz hépatique.

Quelquefois ces eaux sulphureuses sont imprégnées d’une substance martiale, ce qui forme une troisième variété d’eaux sulphureuses que l’on peut désigner sous le nom d’eaux martiales sulphureuses.

Les eaux sulphureuses le plus en usage sont les suivantes.

Aix-la-Chapelle. Les eaux d’Aix-la-Chapelle sont, de toutes les eaux sulphureuses, les plus chargées de matières ; elles tiennent le milieu entre les eaux salines & les eaux sulphureuses, & sont, en général, excessivement chaudes. Leur température va jusqu’à soixante degrés, & il se sublime du soufre aux voûtes des fontaines, & il s’en dépose dans les lieux où s’écoulent les eaux. Outre l’odeur & le goût de foie de soufre, elles sont un peu salées & alcalines, font effervescence avec les acides, & noircissent l’argent ; elles contiennent par pinte, d’après l’analyse, faite par M. Caeberg,