Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/718

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terre légère ; les plaines que de grandes rivières traversent, ou qui sont environnées de coteaux élevés & étendus, sur-tout si les uns & les autres ont, à une certaine profondeur, des couches d’argile & de terre forte, offriront abondamment des sources à ceux qui les chercheront.

On a observé que sur les coteaux, les sources & les fontaines étoient plus abondantes sur les revers exposés au couchant ou au midi, que sur ceux du nord ou du levant.

C’est déjà beaucoup d’avoir des idées justes sur la nature du sol & sur ses rapports avec les terrains voisins ; il faut encore pouvoir être sûr qu’en creusant on rencontrera précisément ou une source ou un amas d’eau : rien n’est si hasardeux ; & comme les sources roulent ordinairement dans des conduits assez resserrés, il arrive très-souvent que l’on fouille à côté sans les rencontrer. On a quelques indices généraux de l’endroit où elles peuvent se trouver, & quoiqu’ils se trouvent insuffisans quelquefois, nous les rapporterons toujours ici, parce qu’ils peuvent servir en plusieurs occasions. La présence des eaux souterraines s’annonce par des plantes aquatiques, telles que le trèfle d’eau, le souchet, le souci d’eau, l’épi d’eau, le cresson des prés, la reine des prés, la prêle, le roseau d’eau, &c. &c. Cet indice sera assez certain, si l’on ne rencontre point de ces plantes dans les environs, & qu’au contraire le terrain soit sec, tandis qu’il est humide à l’endroit où elles croissent. Cependant il peut y avoir des sources cachées dans certains endroits, sans qu’aucune de ces plantes s’y trouve, parce que des couches d’argile ou de terre glaise recouvrant la source, empêchent la vapeur de l’eau de s’élever jusqu’à la superficie de la terre.

Quelques auteurs citent encore deux autres indices, celui de l’odorat & de l’ouie, & prétendent qu’une personne qui a ces sens très-délicats, peut, le matin ou le soir, quand il fait sec, distinguer un air humide de celui qui ne l’est pas, sur-tout en ouvrant la terre dans différens endroits ; & même entendre, en prêtant une oreille attentive dans ces trous, le bruit des eaux qui roulent au-dessous ; mais ces indices sont trop peu certains pour que nous nous y arrêtions.

Le moyen, sans contredit, le plus sûr, & qui mérite toute la confiance pour trouver des sources, est de se servir de la sonde. Les précédens sont avantageux pour fixer l’endroit où l’on emploiera la sonde, & cet instrument indiquera la profondeur où sera la source.

Nous ne pouvons mieux faire que de copier ce qu’on lit dans le Dictionnaire de Physique de M. Brisson, sur la manière la plus avantageuse de se servir de la sonde pour les sources.

Lorsqu’on s’est assuré qu’il y a une source dans un endroit, il convient de connoître différentes choses avant que de penser à creuser la terre, pour la chercher & la conduire où l’on voudra. 1°. Il importe de connoître de quelle espèce est la source, si c’est une eau qui coule ou qui est arrêtée, si c’est une source vive, ou un filet d’eau, ou un réservoir ; 2°. à quelle profondeur elle est, pour voir si elle ne seroit point plus basse que le lieu où on a le dessein de la mener ; 3°. enfin, de quelle nature est la couche dans laquelle elle se trouve. Il est bon de connaître tout cela