Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/717

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nécessairement faire changer les temps & les heures de ces fontaines.

Cet apperçu, ces simples notions suffiront pour rendre raison, en général, des fontaines & des phénomènes qu’elles offrent, & elles peuvent servir à indiquer quelques moyens pour les trouver & les amener au grand jour.

§. II. Moyens pour trouver des sources nouvelles. D’après ce que nous avons dit, on croiroit qu’il est assez facile de rencontrer des sources & d’ouvrir des fontaines, mais si l’on n’a pas quelque connoissance du terrain & des environs, l’on risque souvent de faire des fouilles inutiles.

Dans certaines provinces, où la bonne foi & la simplicité sont dupes de l’adresse & de la charlatanerie, lorsqu’on veut découvrir une source, l’on s’adresse à des imposteurs, qui, sûrs de la crédulité & de l’argent de la personne qui les consulte, prononcent hardiment, &, leur baguette à la main, prétendent voir jusque dans les entrailles de la terre, & suivre, sur sa surface, toutes les sinuosités des eaux qui circulent dans son sein. Aussi peu embarrassés sur la profondeur que sur la direction, il ne leur en coûte pas plus de décider la distance que la force du courant. Les rencontres qu’ils font leur assurent de l’argent & la vogue ; & sans s’inquiéter des nombreuses occasions où ils se sont trompés, ils ne calculent que les dupes qu’ils peuvent faire. Nous ne nions pas ici que très-souvent ils réussissent, & que le hasard ne serve bien leur hardiesse ; mais ils ont grand soin de couvrir du voile du mystère les connoissances naturelles qu’ils ont des terrains en général, tant ceux sur lesquels ils sont, que ceux qui les environnent ; de la manière dont les eaux sont disposée par rapport à la nature du sol, à son inclinaison, à sa direction, &c. &c. connoissances, ou plutôt, si l’on peut s’exprimer ainsi, tact qu’ils doivent à une longue habitude & à un séjour perpétuel à la campagne, & auquel un philosophe parviendroit par la réflexion & le raisonnement. On peut consulter ce que nous avais dit à ce sujet au mot Baguette devinatoire. Dans le temps qu’on imprimoit cet article, nous soupçonnions ce qui a été démontré ensuite à Paris, aux yeux d’une foule de gens sensés.

En général, on ne trouvera point de sources dans un terrain sablonneux ou de gravier, si au-dessous il ne se trouve aucune couche en état d’arrêter les eaux qui filtrent à travers ce terrein léger. Rarement S’en trouve-t-il au-dessus des montagnes composées de bancs de pierres calcaires, parce que l’eau coule par les fentes dont ces bancs sont parsemés jusqu’au pied de la montagne, où des lits d’argile & de marne peuvent les arrêter ; c’est aussi là que l’on trouve beaucoup de sources, & qu’on les voit sortir. Il ne faut pas croire cependant qu’il n’y ait point de sources sur les hauteurs, si elles sont commandées par d’autres hauteurs, & si leurs couches de terre communiquent avec celles de la montagne supérieure ; alors il pourra s’y rencontrer des sources vives, des filets d’eau, & quelquefois même des amas assez considérables.

Les endroits bas, quoiqu’ils ne soient pas en plaine, s’ils sont adossés contre une montagne, ou dominés par des collines sablonneuses & de