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sert de la noix de galle ou en poudre, ou en infusion faite à froid, ou en teinture par l’esprit de vin ; cette dernière est la meilleure, & elle est si active, qu’une seule goutte colore en pourpre dans l’espace de cinq minutes, une eau qui ne contient qu’un vingt-quatrième de grain de vitriol martial sur près de trois pintes. Le fer se précipite insensiblement sous une forme pulvérulente & noire.

Nous n’indiquons pas ici les dissolutions d’argent & de mercure par l’acide nitreux, parce que leur usage peut induire facilement en erreur ; car, non-seulement elle indique la présence de l’acide vitriolique & de l’acide marin, mais elles sont encore précipitées par l’alcali fixe, la terre calcaire & la magnésie. Cependant, si on veut les employer, leurs décompositions & leurs effets s’annoncent par un dépôt blanchâtre qui se forme dans l’eau minérale qui contient quelques-uns des principes cités plus haut. Mais ce dépôt a besoin lui-même d’être analysé, si on veut connoître sa nature.

II. Analyse par la distillation. Cette analyse n’est employée & n’est utile, que pour connoître la nature de l’air qui est combiné avec l’eau minérale. Le procédé employé pour cette opération est exactement le même que celui que nous avons indiqué à l’article Air fixe, tome I, page 328.

III. Analyse par évaporation. L’évaporation employée conjointement avec les réactifs est le moyen le plus sûr de faire une bonne analyse, & d’obtenir tous les principes d’une eau minérale. Il faut, s’il est possible, agir sur une très-grande dose ; car, plus il y aura de l’eau en évaporation, plus le résidu sera considérable, plus chaque principe sera abondant. L’évaporation doit être ménagée à une chaleur douce, & jamais jusqu’à l’ébullition ; il faut avoir soin d’examiner les différens phénomènes qui se présentent dans l’évaporation, & en tenir compte.

Si l’eau est chargée d’air fixe, il se forme des bulles à la première impression de la chaleur. À mesure que l’air fixe se dégage, il se forme une pellicule & un dépôt dû à la terre calcaire & au fer que ce principe tenoit en dissolution.

Aux premières pellicules succède la cristallisation de la sélénite ; enfin le sel marin & le sel fébrifuge se cristallisent en cubes à la surface. Les sels déliquescens ne s’obtiennent que par l’évaporation conduite jusqu’à siccité.

On pèse exactement ce résidu, on le met ensuite dans une petite fiole avec trois ou quatre fois son poids d’esprit de vin ; on agite le tout, & après l’avoir laissé reposer quelques heures, on filtre ; on conserve l’esprit de vin, à part, on sèche à une chaleur douce la portion du résidu sur laquelle l’esprit de vin n’a point agi ; on la pèse exactement, & le déchet indique le sel marin calcaire & le sel marin de magnésie qui sont très-solubles dans l’esprit de vin. On délaye ensuite ce résidu avec huit fois son poids d’eau distillée froide ; on le laisse en repos pendant quelques heures, on filtre & on dessèche une seconde fois le résidu ; on le fait bouillir pendant une demi-heure, dans quatre ou cinq cents fois son poids d’eau distillée ; on filtre, & alors il ne reste plus que ce que l’eau froide & l’eau bouillante n’ont pu dissoudre. La première s’est emparé des sels