Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/92

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pour produire une révulsion heureuse dans certains cas maladifs, la longue co-habitation avec un ou plusieurs chevaux déjà infectés d’eaux, &c. &c.

Cette maladie est plus commune pendant l’hiver & le printemps, que pendant l’été & l’automne, & dans les grandes villes que dans les campagnes ; elle paroît être enzootique à Paris, qui réunit toutes les causes, les externes principalement ; elle y règne en toute saison ; les temps mols la développent sensiblement, les grandes sécheresses & les fortes gelées en retardent les progrès ; la cure en est alors beaucoup plus aisée ; elle n’est le plus souvent que passagère dans la plupart des autres endroits : il en est même, comme les pays élevés & montueux tels que la Navarre, le Limosin, l’Auvergne, &c. où elle est inconnue.

Le traitement est curatif ou palliatif ; on doit espérer beaucoup du premier si le mal est nouveau, le sujet jeune, d’une bonne constitution, & la cause externe ou connue ; on se bornera au second, lorsque le mal sera ancien, qu’il aura fait beaucoup de progrès, que le sujet sera vieux, mal organisé & que la cause sera interne ou inconnue ; on y aura aussi recours pour les chevaux dont la poitrine sera foible, qui seront poussifs, qui auront fait beaucoup de déperditions par l’excès de travail, chez lesquels il y aura complication de causes, d’accidens. &c. En général, l’indication à remplir est de tarir l’écoulement, d’empêcher les mauvais effets de son reflux dans la masse & de prévenir la rechute.

Quant au premier, si le sujet est pléthorique, qu’il y ait beaucoup de Couleur, que la claudication soit sorte, il faut débuter par la saignée la diète & quelques jours de repos : faites boire tous les matins à l’animal un seau d’eau blanche, dans lequel vous aurez fait dissoudre une once de sel de nitre ; donnez un lavement fait avec la décoction de son ou celle des plantes émollientes, & rendu laxatif par l’addition du catholique commun ou du miel mercuriel ; nettoyez exactement & à fond les parties affectées, avec l’eau tiède & le savon noir ou une légère infusion de fleurs de sureau ; appliquez des cataplasmes anodins faits avec la mie de pain & le lait ; ces accidens diminués, lavez avec l’eau de saturne sans eau-de-vie ; substituez aux cataplasmes anodins ceux faits avec cette eau & la mie de pain ; exercez l’animal modérément ; ôtez le cataplasme lorsque vous voudrez le mettre à la voiture ; nettoyez bouchonnez, brossez bien les jambes, faites-en autant lorsqu’il rentrera ; appliquez un nouveau cataplasme que vous renouvellerez d’autant plus fréquemment, que l’écoulement sera plus âcre & plus abondant ; mais qui dans tous les cas ne doit pas rester moins de douze heures & plus de vingt-quatre. Au bout de huit jours de ce traitement l’engorgement & l’écoulement seront diminués, la peau commencera à se rider ; purgez avec l’aloès & le miel dans l’eau bouillante, donnez tiède le matin à jeûn ; lavez & faites les cataplasmes avec une eau de saturne plus forte, & à laquelle vous ajouterez l’eau-de-vie, continuez pendant quelques jours ; supprimez les cataplasmes, augmentez la force de l’eau avec laquelle vous ferez des lotions fort fréquentes à mesure que l’écoulement tarira ; fixez-vous cependant à