enfans seront armés d’une très-petite faucille ou d’une serpette ; l’une ne sera chargée que de couper les beaux épis, par exemple, du grain à écorce dorée ; l’autre, du grain à écorce blanche ou rouge, à épi barbu ou à épi ras, &c. ; mais comme de la même touffe de froment il s’élève plusieurs tiges, plusieurs épis, elles choisiront seulement les plus beaux épis, elles en feront de petites ou de fortes gerbes, suivant ce qui leur sera plus commode, & chacune amoncellera séparément les gerbes qu’elle aura moissonnées, toujours sur la même direction du champ, afin d’éviter toute confusion des espèces. Ces gerbes portées sur l’aire & séparément rassemblées en gerbier seront battues quelques jours après les premières, mais non pas battues au fléau, parce qu’il en feroit sortir tout le grain. Il suffit d’embrasser les gerbes avec les deux mains & les pousser avec force contre un banc, sur une pierre, un angle de mur, ou sur un tonneau ; alors le seul gros grain & le plus mûr tombera ; une fois vanné il sera mis à part & conservé pour les semailles de l’année suivante. Le grain qui restera dans ces petites gerbes ne sera pas perdu, parce que lors du battage général elles seront étendues sur l’aire avec les autres. Par ce procédé, on augmente les frais de moissons, de la journée de quelques femmes seulement, & on se procure les fromens les mieux nourris de tout le champ & entièrement séparés de toute espèce de mauvais grains & de grains étrangers.
Il est bien moins dispendieux de suivre ce procédé, lorsqu’il s’agit de se procurer de beaux blés de semence, que de le faire choisir grain à grain sur une table. Le seul avantage qui résulte de cette dernière méthode, est d’occuper les femmes, les valets & les enfans pendant la pluie, ou lorsqu’on ne peut travailler à la terre : mais quelle est la métairie où des hommes ne peuvent pas être occupés plus utilement !
Section IV.
De la préparation des semences.
Je n’aurois pas imaginé être contraint de revenir sur cet article après ce qui a été dit au mot Chaulage des blés ; (article à relire) mais depuis cette époque, j’ai reçu plus de trente recettes différentes à laquelle chaque écrivain attache les plus grandes propriétés. Je les remercie sincèrement de leur intention, ils ont cru être utiles au public & leur motif est bien louable. La plupart de ces recettes ont pour base celles de M. de la Juttais, rapportées T. III, pag. 183, au mot Chaulage. Malheureusement je ne crois point à cette préparation ni aux autres. Par la fusion ou l’ignition du nitre, on l’a rendu alcali. (Voyez ce mot) La semence que l’on y jette pendant l’ignition, y brûle, se calcine & s’y réduit en charbon ; voilà encore de l’alcali & rien de plus, puisque par la combustion la partie huileuse du grain s’est évaporée en grande partie, & en supposant qu’elle s’y fût conservée, elle ne donneroit en dernière analyse qu’un simple alcali ; c’est donc de l’alcali que l’on ajoute à l’alcali. Ne vaut-il donc pas autant se servir de la cendre, de la chaux, qui renferment un bon alcali ? Toute préparation, je le répète, est inutile