le grain que l’on récoltera par la suite, parce que ce sel souffrira tant de modifications & de combinaisons, pendant le temps de la végétation de la plante, qu’il ne lui restera aucun principe caustique. Cependant, il vaut mieux ne pas en faire usage, quand même il n’y auroit que les dangers de la préparation du grain & des fâcheuses conséquences qui résultent de mettre un poison si actif entre les mains de gens grossiers ou mal intentionnés.
On a vanté également la mixtion de la chaux, du vert de gris, du sang dragon, du sel ammoniac, de l’alun de Rome, de couperose, &c. &c. & quel être peut-il résulter de ce monstrueux assemblage de l’union de plusieurs autres substances, dont le principe de l’une neutralise les principes de l’autre ? C’est en vérité travailler en aveugle & être bien crédule ! Je sais tout ce qu’on m’objectera à ce sujet. Chacun vantera ses expériences & ses succès, & le tout tiendra à l’année & à la bonne culture. Du grain passé par une lessive de cendres aiguisées par la chaux auroit tout aussi bien réussi.
Il est prudent, au moins, de laver les blés de semence à grande eau, quand même ils paroissent nets. La nécessité en devient absolue si les grains ont été attaqués dans le grenier par les fausses teignes. (Voyez cet article dans le plan du travail) Le froissement du grain dans l’eau en détache les œufs de ces insectes. Les grains attaqués par leurs larves, viennent sur l’eau, & on les rejette parce que l’expérience a prouvé que s’ils ne sont pas enterrés profondément, la fausse teigne sort de terre dans son état de papillon & prépare une nouvelle génération.
CHAPITRE IV.
De la préparation des terres.
Cet objet, le plus important de l’agriculture, a fait imaginer, dans chaque pays, des méthodes qu’on doit appeler locales ; plusieurs sont fondées sur le besoin & sur une heureuse expérience, & d’autres tiennent uniquement à la routine du canton, dont personne n’ose s’éloigner. La perfection ou les défectuosités de ces pratiques ont été l’objet des méditations de plusieurs bons agriculteurs praticiens & ils ont établi des systêmes ; les agriculteurs de cabinet ont renchéri sur ceux des premiers. Les systèmes qui ont eu le plus de célébrité sont décrits au mot Culture ; & afin d’éviter des répétitions inutiles, au mot Labour je parlerai du temps & de la manière de labourer.
CHAPITRE V.
Du temps et de la manière de semer le froment.
Section Première.
Quand doit-on semer ?
Ce problème a été un grand sujet de discussions entre les écrivains, agriculteurs ; & un seul coup-d’œil sur le grand livre de la nature suffisoit pour en donner la solution. Chaque plante annuelle, indigène au pays, sort de terre, végète fleurit, mûrit, meurt ou se fanne à son époque fixe, à moins que l’ordre des saisons ne soit dérangé, ou