mais comme les gerbes sont liées en rond, elles laissent nécessairement entr’elles une cavité qu’il faut remplir avec les gerbes du second rang, & ainsi de suite pour tous les rangs supérieurs ; le grand point est qu’il ne reste point de vide. Pour plus grande solidité, on peut, si la longueur des pailles le permet, faire encore croiser la seconde gerbe du coin de chaque angle, de manière qu’il y aura quatre gerbes croisées dans les angles rentrans, & elles formeront autant de clefs du haut en bas.
J’ai vu dans plusieurs endroits, attacher six cordes à la perche perpendiculaire ; une des quatre correspondoit à chaque angle, & les deux autres dans le milieu de la face la plus longue ; avec l’excédent de ces cordes on attachoit un morceau de bois de plusieurs pieds, & on le fixoit fortement le plus près possible du gerbier. Ces cordes & ces bois faisoient le même office que les clefs de fer employées dans les murs de bâtimens qui ont travaillé. Ici, c’est pour empêcher la poussée du gerbier, occasionnée par le tassement. Cette précaution n’est pas à négliger lorsque le gerbier doit rester long-temps en place.
À quelques pieds au-dessus du sol, on fait insensiblement déborder les rangs, à raison de 4 à 6 pouces environ, par toise de hauteur, & lorsque le gerbier est parvenu à peu près à la moitié de sa hauteur, on resserre les rangs, afin de former le plan incliné de la pyramide. L’extension ou le resserrement dépendent de l’augmentation ou de la diminution du nombre des gerbes sur le diamètre horizontal du gerbier ; peu de personnes savent bien le monter. On pourroit, à la rigueur, en déterminer les proportions, au moyen de quelques piquets sur lesquels on fixeroit des cordes légères dans le sens de la courbure en dehors, que doit avoir le centre du gerbier ; mais elles sont plus qu’inutiles à l’ouvrier intelligent & adroit ; le seul coup-d’œil lui suffit, & il ne se trompe pas. Plus on doit différer le battage, & moins on doit donner de ventre au gerbier ; le tassement des gerbes ne lui en donne toujours que trop.
III. De la manière de recouvrir & de fixer le sommet du gerbier. Ceux qui l’ont monté sans perche centrale sont fort embarrassés ; ils ont beau coucher plusieurs gerbes les épis en bas, le moindre coup de vent les dérange, & la pluie les pénètre. Les perches servent à prévenir ces accidens, car jusqu’à présent elles ont été inutiles aux gerbiers. S’ils sont de forme ronde, on dressera, contre la perche, des gerbes les épis en haut, & avec des liens de paille ou d’osier, ou de clématite, de vigne-sauvage, &c. on les liera fortement contre la perche, & les épis seront recouverts avec de la paille dont on aura retiré le grain, & fortement liée au-dessus des épis.
La même manipulation a lieu pour les gerbiers quarrés ou en parallélogramme, avec cette différence cependant, qu’au sommet des perches perpendiculaires on fixe une perche horizontale & assez longue pour atteindre aux deux ou quatre perches perpendiculaires ; c’est contre ces perches horizontales que l’on attache, & que l’on lie les gerbes