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ventées pour battre le blé ; si on veut de plus grands renseignemens sur cet objet, (quoique ces machines soient passées de mode) on peut consulter les volumes de l’Académie royale des sciences de Paris, années 1712, Hist. pag. 121 ; 1737, Hist. p. 108 ; 1762, Hist. p. 193 ; 1763, Hist. p. 141 ; le tome IV des Machines, pag. 27 & 31 ; la Collection académique, t. XI, p. 184. Il faut cependant donner une idée de celle dont on se sert dans le Levant & en Turquie. On y bat le blé avec une espèce de herse, longue de dix à douze pieds, sur huit à dix de large ; sur la partie antérieure est fixée une boucle de fer pour attacher la corde qui doit servir à la traîner. Les bois des côtés de la herse ont quatre pouces d’épaisseur, ainsi que les traverses placées à la distance de huit à dix pouces l’une de l’autre. Dans ces traverses, ainsi que dans leur encadrement, sont fixées des pierres dures & tranchantes, & fort près les unes des autres. On attèle ensuite un ou deux chevaux, ou des bœufs, & un homme assis sur la herse conduit les animaux qui la tirent, & la promène sur les gerbes couchées sur le sol de l’aire, préparé de la même manière que celui de nos aires. (Voyez ce mot) Si l’homme, monté sur la herse, trouve qu’elle n’est pas assez lourde, il met à côté de lui quelques grosses pierres, & la machine coupe & brise les épis, & en détache le grain. On dit cette méthode très-expéditive & comparable par ses effets au travail de dix batteurs.

Section II.

Du Ventage, du Vannage & du Criblage.

I. Du Ventage. Ce mot n’est pas françois, ou du moins il n’est pas consacré par l’usage : je le crée faute d’autre.

Les gerbes sont battues, la paille & ses gros débris sont enlevés avec le râteau ; mais le grain est encore enfoui & mêlé avec les balles du froment, la poussière, les petites pierres & avec des parcelles de paille ; il est temps de le séparer, de le nettoyer, de débarrasser l’aire afin de la charger de nouvelles gerbes, de recommencer la première opération ; enfin de la continuer successivement jusqu’à ce que tout le grain soit battu.

On a eu la précaution de placer l’aire sur un lieu élevé & exposé au courant de tous les vents, ou du moins des principaux qui règnent dans le canton, & si l’un d’eux souffle, on se hâte d’en profiter pour venter. À cet effet, le grain & tout ce qui l’environne sont rassemblés en carré long & étroit, dans le milieu ou dans un coin de l’aire, suivant sa position. Alors les Batteurs, (voyez ce mot, ainsi que celui Battage) armés de fourches à dents longues & serrées les unes près des autres, jettent en l’air, au-dessus & derrière leur tête, le grain & tout ce qui se rencontre ; alors la force du vent entraîne au loin les corps légers, & le grain & les petites pierres tombent à côté du batteur où ils forment un nouveau monceau, & continuent jusqu’à ce