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On ne doit donc jamais attendre pour remuer & travailler le froment, qu’il exhale de l’odeur, & que la main introduite dans le tas y éprouve de la chaleur, car le grain auroit déjà subi un commencement de fermentation qui seroit d’autant plus avancé, que la saison seroit chaude & le grain humide. La quantité du blé indique la nécessité d’un plus ou moins fréquent pellage, & dans aucun cas le monceau de grain ne doit pas avoir plus de dix-huit pouces d’épaisseur.

Section III.

De la conservation du Froment par l’intermède du feu.

Lorsque les circonstances locales ou accidentelles, suivant les climats, ont forcé de couper le blé avant sa maturité ; lorsque les moissons ont été pluvieuses, & que l’on craint que le froment germe ; lorsqu’on habite un pays humide, dans lequel le grain ne peut perdre son eau surabondante de végétation ; lorsque l’on veut envoyer dans les colonies des farines ; si le froment n’est pas encore assez sec ; enfin, pour détruire les larves d’insectes nichées dans le blé, & leurs œufs déposés sur sa superficie, dans tous ces cas il faut nécessairement recourir à l’intermède du feu. Comme je n’ai jamais été dans le cas d’étuver du grain, ni à portée de suivre cette Opération, je préviens que je vais parler uniquement d’après les autres.

M. Duhamel s’est singulièrement occupé de la conservation du grain. Il a proposé le modèle des étuves de toutes les grandeurs, suivant les quantités des grains. (Voyez la définition de ce mot à celui Étuve) Les Ouvrages de cet estimable auteur sont très-répandus dans le public, cependant ils ne le sont peut-être pas encore assez chez les cultivateurs peu aisés ou éloignés des grandes villes. Il est donc important de mettre sous les yeux de ceux de cette dernière classe ce qui a été dit à ce sujet, & de leur offrir le tableau des avantages & des désavantages des étuves. Je préviens que je copie ce que M. Duhamel a dit dans son Supplément sur la conservation des grains, & je présente ses propres dessins.

§. I. Méthode de M. Duhamel.

« Mon étuve, dit l’auteur, dont on voit l’élévation, (Planche XI, Figure 1) a onze pieds hors d’œuvre ; elle est bâtie & isolée au milieu d’une salle basse. On voit en T une porte à doubles vantaux, pour entrer dans cette étuve lorsque quelques circonstances l’exigent. Quand on veut la chauffer avec des réchauds de charbon, on pratique au mur opposé une porte plus basse pour y introduire les réchauds roulans, que l’on peut retirer avec un crochet par la porte opposée ; quand on chauffe l’étuve avec du bois, la bouche du poêle est à la face opposée à la porte T. On voit au-dessus du corps de l’étuve, (Figure 1) deux trémies VV, dans lesquelles on jette le grain pour remplir les tuyaux ; elles sont soutenues par un petit assemblage de menuiserie, qui donne la facilité de les ôter après que l’étuve est chargée, & de fermer ensuite les ouvertures avec des trappes, pendant qu’on chauffe l’étuve. »

» Au milieu de la surface supérieure de l’étuve, est une ouverture X par