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peut distinguer la gale en érysipélateuse, quand elle approche de l’érysipèle, & gale dartreuse, quand elle ressemble à la dartre.

Les causes de la gale sont externes ou internes ; dans les externes, on compte le contact immédiat d’une personne galeuse, sur quelque partie du corps de celle qui ne l’a pas ; il n’y a pas de maladie plus contagieuse, & qui se communique plus aisément, soit en couchant avec une personne qui en est attaquée, en s’essuyant les mains à la serviette d’un galeux, ou en s’enveloppant dans ses draps ; tout contact la communique.

Parmi les causes internes on compte l’âcreté des humeurs, & tout ce qui peut la déterminer ; telles que l’abus des viandes salées, épicées, & de haut goût, l’usage des liqueurs échauffantes ou trop spiritueuses ; elle peut encore reconnoître pour cause interne un vice héréditaire, un vice véronique ; un diathèze scorbutique, &c.

La gale est une maladie plus incommode que dangereuse.

La gale sèche est plus rebelle, & est très-difficile à guérir. La gale humide résiste moins à un traitement méthodique.

On a vu survenir les plus grands maux d’une gale répercutée ; aussi on ne doit pas se presser de faire des applications sur la peau : avant d’en venir aux frictions, il convient d’attaquer la cause qui l’a produite ; dans la curation interne de la gale, l’indication que l’on doit avoir en vue, est de corriger ou du moins d’adoucir l’âcreté du sang.

Sous ce point de vue, on peut commencer par les remèdes généraux, la saignée, & un purgatif.

Après cela, si la gale est humide, (comme le sang est suffisamment séreux) il faut alors corriger la salure & l’âcreté qui dominent. Pour cet effet on prescrira au malade l’eau de poulet, ou l’eau de veau, des bouillons altérans, mucilagineux & adoucissans, préparés avec le cerfeuil, les écrevisses, la fumeterre, le cresson, la chicorée, la bourrache, un jeune poulet, & quelques escargots de vigne : après l’usage de ces bouillons, celui du lait d’ânesse ou du petit lait, ou des bouillons de tortue, ou de grenouilles, continué pendant quelque temps, produira les effets les plus salutaires.

Si la gale est sèche, il faut insister plus long-temps sur l’usage des remèdes dont on vient de parler ; enfin, les bains domestiques d’eau douce sont extrêmement utiles pour humecter le sang, & en modérer la chaleur & l’acrimonie, pour laver & relâcher la peau, & en adoucir les démangeaisons ; enfin, pour ouvrir les pores & préparer l’entrée aux topiques qu’on doit employer.

Après cette préparation, on en vient aux topiques, dont le nombre est infini ; il est inutile de rappeler ici les différentes préparations que chaque auteur a proposées ; nous nous contenterons d’indiquer seulement celles qui sont le plus usitées, le plus communes, & qui réussissent le mieux, telles que l’onguent citrin dont on se frotte les aines & les jointures devant un petit feu clair, avant de se coucher ; il suffit qu’on s’en frotte trois fois pendant trois jours consécutifs pour en être débarrassé ; mais il faut avoir le soin