Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/249

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& de la contagion régnante. Les matières putrides qui dès les premières voies passent dans le sang, & celles que la suppression de la transpiration oblige à y refouler, corrompent nécessairement la masse du sang. La contagion la dissout & la corrompt très-promptement, elle affoiblit la force des solides, elle affecte même jusqu’aux nerfs.

S’il arrive que ces différentes causes qui corrompent la masse du sang, excitent une inflammation simple, mais violente, produite par un engorgement considérable, ou par une matière trop âcre pour que la nature en puisse faire la coction, la corruption devient bientôt la cause éloignée de la gangrène par laquelle elle se termine.

En effet, les animaux qui depuis long-temps respirent dans les écuries, dans les étables, dans les bergeries où on les loge, un air humide, putride, ceux qui sont voisins des marais, das étangs, de la mer, ceux qu’on n’exerce pas suffisamment, ceux qu’on nourrit avec des végétaux corrompus, ou d’une mauvaise qualité, deviennent pesans, paresfeux, leur haleine est puante, leur poil se hérisse, leurs jambes se meuvent difficilement, leur respiration est laborieuse ; au moindre mouvement leur pouls est lent, inégal, ils éprouvent des coliques, des hémorragies dont le sang est dissous & noirâtre ; tous ces symptômes deviennent plus graves à mesure que l’âcreté de la matière putride contenue dans la masse du sang fait des progrès ; le sang que les hémorragies donnent, n’est plus qu’une sérosité rougeâtre ou noirâtre, la respiration est très-gênée, les animaux malades sont atrophiés ; leurs urines & leurs déjections par l’anus sont très-fétides & noires ; leur pouls est très-petit, foible, inégal, intermittent ; leurs corps exhale une odeur cadavéreuse ; la maladie se termine par la gangrène & par la mort des sujets qu’elle a attaqués.

Après la mort, les cadavres se corrompent promptement. Leurs ouvertures montrent dans différentes cavités, sur-tout dans l’abdomen, des épanchemens sanieux, plusieurs parties & plusieurs viscères gangrenés.

La corruption successive du sang & des humeurs décompose les globules qui composent ces fluides, laissent échapper l’air fixe qui entroit dans leur composition. Les fluides atténués s’extravasent, enfilent des vaisseaux qui dans l’ordre naturel leur sont fermés, ils circulent lentement & difficilement. Les sécrétions se sont imparfaitement, les liqueurs excrémentitielles qui en sont le produit, ne peuvent réparer les pertes que souffre le corps, les solides tombent dans un relâchement vicieux.

Ce qui est à faire dans cette circonstance consiste à rendre aux solides & aux fluides l’air fixe qu’ils ont perdu ; & pour suivre avec succès cette indication, on pourra avoir recours à toutes les substances végétales : en effet, quelles que soient leurs qualités sensibles, elles sont toutes capables de fournir de l’air fixe. On leur fera boire de la bonne eau ; on les tiendra proprement ; on renouvellera l’air de leurs demeures ; on les soumettra à un exercice modéré ; on les purgera avec des médicamens doux ; on les mettra à