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de septembre, on prend à la profondeur de deux pieds la terre de ces plates-bandes, on en recouvre la vraie plate-bande garancière, & on ajoute encore de la terre sur ses côtés, de manière qu’elle augmente de deux pieds de largeur, & réduit l’autre de six pieds a quatre pieds. Ce recouvrement sert à étouffer les mauvaises herbes qu’il n’est plus besoin désormais de sarcler, à favoriser principalement la multiplication & l’augmentation des racines que jettent de tous côtés les plantes lorsqu’elles sont enterrées. On peut répéter le même recouvrement aux mois de mai ou de septembre suivans.

Au mois de septembre de la seconde année, c’est-à-dire, 18 mois après qu’on a semé, ou deux ans après qu’on a replanté, les plantes de garance donnent une grande quantité de graines qu’il faut recueillir lorsqu’elles ont acquis une couleur noire foncée ; c’est le signe de leur maturité.

Il y a deux manières de faire cette récolte ; l’une, de recueillir la graine sur la plante grain à grain, & en plusieurs temps, pour ne prendre que celle qui est bien mûre, en attendant que les autres viennent à maturité. Cette méthode est longue à la vérité, mais on est sûr d’avoir beaucoup plus de graine de meilleure qualité ; l’autre, de faire couper ras de terre les branches & les tiges des plantes, lorsque la plus grande partie de la graine est mûre ; de les faire sécher & d’en séparer ensuite la graine. On ne doit l’enfermer dans le grenier que lorsqu’elle a été bien séchée au soleil.

Si on a assez de graines pour son usage, & si on n’a pas occasion de se défaire du superflu avec profit, on pourra, dès le mois de mai de la seconde année, faire faucher l’herbe de la garance pour servir de fourrage aux bestiaux,[1] & cette coupe peut avoir lieu au moins trois fois dans une année. Ce fauchage sert merveilleusement à l’accroissement des plantes, & les racines en grossissent beaucoup plus ; mais soit qu’on ramasse la graine, soit qu’on fauche la plante, il faut nécessairement la recouvrir de terre après ces deux opérations.

M. Duhamel a fait beaucoup d’expériences sur la garance, & il ignoroit, lors de la publication de ses Élémens d’agriculture, la méthode du sieur Althen ou du Levant ; il s’est contenté de décrire les pratiques du royaume, & il s’explique ainsi sur la conduite d’une garancière.

« Si la garance a été plantée en automne, on doit se contenter de donner de temps en temps quelques labours aux plates-bandes avec une charrue légère ; comme ces labours n’ont pas tant pour objet de donner de la vigueur à la garance, que de

  1. Le lait des vaches prend une teinte rouge, & le beurre une couleur jaune ; mais l’un & l’autre n’en sont pas moins bons. Lorsque l’on mêle, pendant plusieurs jours de suite, de la garance en poudre avec la nourriture des poulets & des jeunes pigeons, &c. les os de ces animaux perdent insensiblement leur couleur blanche, & se teignent en rouge plus ou moins foncé, suivant le nombre de jours qu’ils sont nourris ainsi.