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lever toutes les racines. Cette opération doit être faite avant la maturité de la graine. Dans plusieurs provinces, par exemple, dans les landes de Bretagne, dans le Poitou, &c., on cultive le genêt épineux pour fourrage ; ce qui suppose un pays bien pauvre en pâturages, puisqu’on est réduit à employer cette ressource, bonne en elle-même, quand on n’en a pas d’autres. Son grand avantage est de fournir du fourrage vert en hiver, lorsque les bestiaux n’en trouvent pas d’autre, & dans les années sèches où il est rare.

Les terrains sablonneux & gras lui conviennent mieux que toutes les autres terres ; & ses jets sont en raison de la bonté du sol qui se rapproche le plus de cet état. On défonce pendant l’été, & par plusieurs coups de charrue, la portion de terre destinée au genêt épineux, & on en sème la graine en automne ou à la sortie de l’hiver. La première méthode est préférable, & on peut jeter en terre la semence dès que la graine est mûre, afin d’avoir des brins plus forts en décembre. Un coup de herse nivelle la terre, & toute la culture se réduit à ces travaux. On fera bien cependant dans les premiers mois de sarcler les mauvaises herbes capables de nuire aux plantes, & le genêt par la suite n’en souffrira plus auprès de lui ; il les étouffera. La première coupe se fait en décembre, après l’hiver, & de temps à autre ; mais il faut avoir grande attention de ne la laisser pas fleurir & encore moins grainer, parce qu’alors ses épines seroient trop roides, trop piquantes.

Quoique les brins soient coupés lorsqu’ils sont tendres, les épines, par leur position, affecteroient & blesseroient le palais de l’animal. Afin de prévenir cet inconvénient, on tord les brins, paquets par paquets, & on les donne aussitôt à l’animal. Quelques-uns étendent les brins sur terre, & passent par-dessus des rouleaux de pierre assez pesans pour un peu aplatir le tout. Cette nourriture est très-bonne. Il faut avoir grand soin que les troupeaux n’entrent jamais dans le champ, ils nuiroient beaucoup à la coupe qu’on doit faire.

Lorsqu’on voit que cette prairie artificielle commence à ne plus produire que de foibles brins & en petite quantité, c’est le cas de la défricher complètement, & on peut espérer plusieurs récoltes consécutives en seigle ou autres grains. Le même champ peut ensuite être couvert avec du genêt.

Pour récolter la graine on attend qu’elle soit mûre, alors on coupe les sommités des branches où elle est adhérente, on les porte en paquets sous des hangars, & quand elles sont bien sèches, on les bat avec le fléau, on les vanne & on les conserve dans un lieu sec, si on ne doit pas les semer tout de suite. Voilà comme le besoin est devenu le précepteur de l’industrie.

L’ajonc fournit la plus sûre des clôtures, & une haie de ce genre est impénétrable aux hommes comme aux animaux. La transplantation est inutile, il faut absolument avoir recours aux semis sur le lieu même. On commence par fixer sur la lande qu’on veut défricher, ou autour du champ qu’on se propose d’enclore, l’emplacement que doit occuper