Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/304

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à chaque espèce. Ici l’observation suffit pour la démonstration ; & pour peu que l’on examine, que l’on étudie, que l’on suive la nature pas à pas, on verra à chaque instant les germes avancer vers leur développement, leur perfection ; c’est une loi de la nature toujours agissante. La germination de la graine dans la terre, celle des bourgeons sur la tige en sont les effets constans. Au mot Végétation, nous verrons l’application de cette loi en grand, & l’on peut en prendre une idée au mot Accroissement.

D’après tout ce que nous venons de dire, il sera facile de concevoir l’état du germe avant, pendant & après la fécondation. Dans le premier cas, le germe existe ; mais il n’a pas une vie propre : il est même susceptible de croître & d’augmenter jusqu’à un certain point ; mais cette force n’est pas à lui, elle appartient tout entière à l’individu qui le porte. Je ne puis pas mieux le comparer alors qu’à une pendule montée & prête à marcher, & dont le mouvement est arrêté, parce que le pendule ne fait point d’oscillations : on peut, en faisant tourner l’aiguille avec le doigt, lui faire indiquer successivement toutes les heures ; elle semble remplir sa destinée : mais que la main qui la faisoit mouvoir cesse d’agir, la pendule sera sans vie & sans mouvement : au contraire, faites mouvoir le pendule, les rouages agiront les uns sur les autres, & l’aiguille marchera. Pareillement le germe attend la fécondation pour marcher, pour ainsi dire, & vivre par lui-même : c’est le premier mouvement imprimé au pendule, qui entraîne tous les autres. Dès que le germe est animé, alors il s’approprie tout ce qui est nécessaire à son développement : il vit par lui-même & pour lui-même ; la graine & le bourgeon, séparés de la plante ou arrachés de la tige qui les portoit, & mis en terre, sauront bientôt s’assimiler les principes nécessaires à leur végétation, & au développement des germes nombreux qu’ils renferment dans leur sein. Le germe une fois animé continue de vivre, quoique la cause qui l’avoit animé ne subsiste plus, n’agisse plus, parce que l’Auteur de la nature les a tellement ordonnés & construits, que la première impulsion donnée, il est en état de convertir en sa propre substance tout ce qui peut servir à le nourrir : sève, air, humidité, principes salins, savonneux, &c., tout lui devient propre, tout peut se fixer dans ses fibres, les étendre & les développer. De simple germe, il passe à l’état de fœtus, de graine ; & bientôt, par le même mécanisme, il devient une petite plante, un arbuste, & enfin un arbre majestueux, qui est au premier état du germe ce que l’unité est à des millions. M. M.


GERMINATION, Botanique. De toutes les opérations de la nature dans le règne végétal, une des plus intéressantes est sans contredit la germination : la fécondation anime le germe, & la germination le développe. La première le met à même de recevoir les secours de la seconde, & de passer de l’état d’embryon à celui d’individu vivant, & pouvant à son tour donner l’être à un million d’autres individus renfermés dans son sein. Le germe, (voyez ce mot) vivifié par le stimulus de la fécon-