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nel. Cette dénomination lui est donnée, parce que cette espèce est vivace, & une fois plantée ou semée elle repousse toujours, & conserve sa verdure pendant toute l’année, si on la renferme en hiver dans l’orangerie. M. Tournefort l’appelle lathyrus angustissimo folio, americanus, variegatus è cœruleo, purpurascente flore suaviter rubente ; M. von-Linné la nomme lathyrus odoratus. Elle diffère des espèces décrites ci-dessus par ses péduncules qui portent deux fleurs, dont l’odeur approche &c est plus douce que celle de la fleur d’orange ; ses fleurs sont bleues, violettes & rouges, quelquefois toutes blanches ou presque d’une seule couleur. Cette bigarrure tient à l’exposition, au sol, au climat, à la graine & à d’autres circonstances que nous ne connoissons peut-être pas. Dans les provinces, cette plante est presque toujours en fleur, depuis le mois de juillet jusqu’à la fin de Septembre, & même jusqu’à la fin d’Octobre, si on a le soin de couper les fleurs dès qu’elles commencent à grainer : les folioles sont ovales, oblongues, très-étroites & les siliques velues.

La multiplicité des fleurs & leur agréable odeur ont mérité à cette gesse une place distinguée dans nos jardins. Il faut semer contre un mur, afin de soutenir & étendre les tiges ou les ramer comme celles des pois ordinaires. Cette plante est originaire d’Amérique, & réussit assez bien dans nos provinces du nord. Elle n’exige aucune culture particulière.

Cette espèce fournit deux variétés ; l’une nommée par M. von-Linné lathyrus odoratus β siculus, & l’autre lathyrus odoratus β zeilanicus. Cette dernière surtout est encore cultivée dans nos jardins, à cause de son odeur ; mais elle est annuelle : sa tige est sarmenteuse, rude, à trois ou quatre pieds de hauteur ; ses folioles au nombre de deux sur chaque feuille ; elles ont trois à quatre pouces de longueur sur deux à trois lignes de largeur ; la fleur est blanche, bigarrée de rouge ; la plante est originaire de Ceylan ; celle de la gesse odorante de Sicile a son étendard pourpre, & le reste d’un bleu clair.

Les botanistes comptent jusqu’à vingt-quatre espèces de gesses, sans comprendre dans ce nombre leurs variétés. Comme elles n’ont aucun mérite pour l’agriculture ou pour nos jardins, il est inutile d’en parler.


GINGEMBRE. M. von-Linné le nomme ammomun zingibec, & le classe dans la monandrie. Il est inutile de décrire une plante que nous ne pouvons pas cultiver sans le secours des terres chaudes. Elle croît en Chine, dans le Malabar ; elle est actuellement cultivée aux Antilles. Nous ne la considérerons que comme une substance médicinale.

On n’apporte que la racine nouée, d’un brun cendré, médiocrement aromatique & odorante, & d’une saveur acre… Mâchée elle excite la salivation. Intérieurement elle redonne du ton & échauffe beaucoup ;… très-pernicieuse à ceux qui ont le genre nerveux irritable… On la prescrit contre les vents par foiblesse d’estomac : sa dose est depuis dix jusqu’à vingt grains. On apporte en Europe cette racine confite ; elle est alors moins échauffante. On peut fort bien se passer de l’usage de cette