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racine, qu’il est si facile de suppléer par les plantes aromatiques d’Europe.


GIRAUMONT. Je déclare que je ne connois point cette citrouille ou courge dont j’ai beaucoup entendu vanter la qualité, & la préférence qu’on lui donne sur les courges ordinaires, les potirons & les concombres. On lit dans le Vocabulaire universel, au mot Giraumont : « Fruit d’un très-grand usage dans les pays chauds de l’Amérique. Il est communément plus gros qu’un melon : sa couleur extérieure est verte, mouchetée inégalement, d’un vert beaucoup plus pâle. La chair de ce fruit est jaune, renfermant intérieurement des semences plates, & semblables à celles de la citrouille. »

« Il y a des giraumons qui sentent un peu le musc, & qui pour cela n’en sont pas moins bons : les uns & les autres ne diffèrent pas beaucoup de la citrouille, si ce n’est que leur chair est plus ferme & d’un goût plus relevé. On en mange dans la loupe avec du lait, ou bien fricassés au beurre. »

« La tige qui produit le giraumont est verte, rude au toucher, ainsi que les feuilles, qui sont presqu’aussi larges qu’une assiette ; le tout rampant contre terre comme les melons & les citrouilles. » Cette description est trop générale, & ne caractérise point assez cette espèce.

L’auteur du nouveau Laquintinie, dans le Volume du Jardin potager, s’explique ainsi au mot Giraumont.

« Notre nomenclature m’a fait séparer du potiron, (voyez Citrouille) cette plante qui auroit dû être traitée dans le même article, ses caractères étant les mêmes. J’ajouterai seulement que les giraumons varient beaucoup de forme & de grosseur : il y en a de ronds, de longs ; de différentes nuances, de verts, de jaunes, de tachetés, de rayés de jaune sur un fond vert, de gros, de petits, de lisses, de rudes, de bosselés, &c. Ceux qui sont les plus gros & les mieux arrondis, & dont la peau est la moins dure & la moins lisse, & la moins foncée en couleur, sont les meilleurs ; leur chair est fine, délicate, moins aqueuse que celle du concombre ; elle est propre aux mêmes usages, & n’en a point le goût fort & désagréable. »


GIROFLE, GIROFLIER, arbre indigène aux Grandes Indes. On connoît encore très-peu le vrai giroflier que M. von-Linné appelle cariophyllus aromaticus, & qu’il classe dans la polyandrie monogynie. M. Poivre, citoyen zélé, ancien Intendant de l’île de France, & dont le nom sera toujours cher aux habitans de cette île, qui se rappellent sans cesse la douceur & la sagesse de son administration, eut l’art de se faire donner par un des Rois indiens vingt mille pieds ou de giroflier, ou de muscadier ou de canelier, & il fit transporter ces précieuses épiceries dans l’île, où les arbres furent cultivés avec le plus grand soin. Il en sera peut-être un jour de ces arbres, que les hollandois prennent à tâche de détruire hors de leurs possessions, comme du café. (Voyez le mot Café, où l’on indique comment il a été naturalisé dans nos îles d’Amérique, ainsi que le bambou). Il y a grande apparence que ces arbres y prospéreront avec le même succès, dès qu’ils seront assez